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A PROPOS l)K I.'aCCENTL'ATIOX LITUANIENNE. 499

quelque effet qui permettra d'attester sa portée historique plus ou moins lointaine; il s'agit uniquement de le comprendre méthodique- ment dans ses causes avant de songer à en faire la moindre appli- cation. Tel est le principe dont nous nous inspirons.

On peut incidemment remarquer que toutes les phases de la question de pilnas -r- vilkas sont dominées par cet unique fait fortuit qu'il s'agissait d'une différence phonique qui a cessé d'être pho- nique en lituanien: ir — ir n'étant séparés que par le ton, au lieu que 6 — à, pai- exemple, sont séparés par le son et par le ion. Mais il y aura davantage à dire sur cette éminente cause d'erreurs, quand nous arriverons aux généralités.

Des deux cas visés plus haut, ne retenons que le premier, pilnas. Il est impossible de n'être pas frappé de son rapport, réel ou ap- parent, avec la loi 1 (tranches monophtongues longues). L'identi- fication avec le cas de stôti^ sera, en eflfet, l'une au moins des solu- tions possibles pour la série pilnas (= *p-\V -nos). Cette raison, comme d'autres, simplement pratiques, engageait à en faire mention dès à présent. Mais, loin d'insister sur le caractère évident du cas, nous prions plutôt le lecteur de réserver son jugement jusqu'à ce que des observations plus complètes j)ermettent une discussion utile (voir VII). Xous nous contentons ici de recueillir les exemples qui s'y rapportent:

Outre les principaux exemples cités par M. Fortunatov {pilnas^ tiltas, ilgas, vilna, mllfai, pirmas, zirnis), notons:

girti, part, passé girtas «laudatus» = véd. gurtas, lat. grains, indo-eur. *gfios.

girtas, adj. <ivre» =- PpuuTÔç; ■^kr. gtmas «dévoré». Ici se place aussi gurklys «gésier»^ — ace. gârkli, Deuisch-TÀt. Worierhuch s. v. «Kropf», — et gûrkfinis «bouchée, coup, quantité qu'on avale».

fiirjiû, fiirfilys «frelon», lat. crâbro, groupe primitif /cf 5-. Il est vrai que Kurschat donne le génitif fiifJïUo, mais il ne parait pas connaître le mot: car l'ace, plur. JJirJJlius, à la fin du vers dans Donalitius (vu, 217), prouve sans discussion l'intonation rude.

spirii «donner une ruade, un coup de pied». LMndien sphur- ne manque que par hasard: ce serait la forme «devant consonne» correspondant à sphuraii «il pousse du pied». Ace. \éd. apa-sphur-am. (Forme forte dans aor. sphari-s).

pilkas «gris» répond à une forme indirectement connue, et pré- vue, *pïk.r; en ce que skr. paliknî (masc. pallias) ne pouvait avoir dans sa forme faible qu'un / long.

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