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486 COMI'ABATIKS KT SUPERLATIFS (iEHMANiyUKS DE I.A KOHME ttlferus, illfîniHS.

même ne fait donc que mettre en pleine lumière la corrélation des deux séries. Aussi l'anglo-saxon eût-il été le point de départ indi- qué de notre étude sans le malentendu qui plane, ici encore, sur les formes comparatives et qui suffit pour ôter toute signification à l'ensemble. D'une part en effet l'épel innera (au lieu de itmerra) peut produire l'illusion d'un type *innizan- pareil à '^hatizan- (befera). D'autre part, alors même qu'on reconnaît hmem (c'est-à-dire 'Hnner- izan-) comme la seule forme légitime, l'intérêt de cette forme est nul si l'on ne s'affranchit de l'idée sans cesse rééditée qu'inwer- représente un radical adverbial. Toute la valeur d'innerra réside en effet dans le parallélisme de l'élément -er- avec l'élément -em- du superlatif innemesf. La grammaire de Sievers ne se prononce ni sur la nature ni même sur l'existence de l'élément -er-, car elle ne mentionne aucune différence entre hetera et inner{r)a. Pourtant, si cette différence était inutile à indiquer, on se demande pourquoi l'auteur signale avec soin celle qui sépare innemest de hefest et qui est rigoureusement la même, à cela près qu'elle pouvait beaucoup [)lus facilement se passer de commentaire.'

Constatons en passant que l'anglo-saxon donne une confir- mation décisive au jugement porté plus haut sur les adjectifs ôstero, wëstero, sundero du vieux haut-allemand. Leurs ê(]uivalents anglo- saxons (eâsterraj westerra, etc.) ne sont pas autre chose, en effet, que le complément de la série superlative eâstemest, n-estemest, etc.^

Le peu d'attention accqrdé aux ramifications du 13'pe infenis en germanique n'éclate nulle part d'une manière plus frappante que lorsqu'il s'agit des formes norroises. Hindri «postérieur», hinri «intérieur», etc., sont cités dans toutes les grammaires pêle-mêle avec hetri «meilleur» = Hatizè. Cette tacite assimilation n'est corrigée par aucune note restrictive, même de la part de M. No- reen ou de M. Brenner, (jui cei^endant se préoccupent en ])remière ligne de la vérité étymologique.

��1. Je ne trouve le type innerra clairement et correctement classé que dans Zeuner, Sprache des Kentischen Fsalters, § (50. — La '•1'^ édition de la grammaire de Sievers ne m'est pas connue au moment où j'écris.

2. Au nombre des superlatifs en -m- de l'anglo-saxon il faut peut-être compter l'adverbe endemcs{f), similiter, dont nous ne recberclierons pas les origines, et l'adverbe fnrdum, dont le sens fondamental paraît être primuw. Cf. skr. prathmntis et le comparatif fordei'o. Le v. norr. fordwn, en revancbe, vu son sens différent, conduirait plutôt à un got. faùra pamnm, serait donc équivalent de fyrtv pn.

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