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fS'F, LOI RYTHMIQUE DK I.A i.Wi.l i: CRKCOrE. 465

vocaliqiie, syncope, recloul)U'ment de consonnes, etc. Or, au milieu de l'organisme phonétique si délicat du grec, chacun de ces pro- cédés, notamment celui de la syncope, parait insolite, presque brutal, et mérite l'attention par sa rareté même. En faisant la revue de ces différentes mutations, les exemples devront, autant que possible, être choisis parmi les formes usitées en prose: si nous les deman- dions aux poètes, ils seraient aussi nombreux que peu concluants.

1. ALLONGEMENT D'UNE VOYELLE, a. Voyelles faisant partie d'un suffixe.

Au comparatif et au superlatif des adjectifs, l'allongement de l'omicron qui distingue le type aocpubiepoç, ffocpubiaioç, du type beivôxepoç, beivÔTaioç, est parfois interprété à tort comme étant originairement une licence chez les poètes, et en prose une imitation des poètes. Une loi que toute la grécité observe avec ce degré de conséquence ne saurait reposer sur un fait de date aussi rapprochée et d'ordre tout littéraire. Il y a bien plus d'apparence que les poètes ne firent que profiter d'une euphonie d'avance établie dans la langue, et qui avait déjà façonné les mots comme pour leur usage particulier.

Le même allongement paraît avoir existé devant le suffixe (Tôvr) (cf. Etijm. Magn., p. 275,42), quoique nous n'ayons pour vérifier la règle que le seul mot lepiuaûvii, en regard de bouXo(JÛvr|, biKaio- (TÛvri, et autres formes semblables, dont aucune ne donnait lieu à l'allongement.^ L'iju de ieptuaûvri est d'autant plus certain qu'il est attesté épigraphiquement (Frœhner, Tnsa\ du Louvre, no 40, 1. 12).

Les suffixes -0i, -0ev, -(Je, pouvaient aussi donner naissance à des tribraquos, non pas, comme dans le cas précédent, par l'addition d'une brève qu'ils apportaient, mais parce qu'ils faisaient passer dans le corps du mot la brève finale du radical. Dans ce cas en- core on allonge l'o thématique: érépuuOi, éTépuuOev, éxépujae; d|ucpo- Tépuuôi, diacpoTépujOev, àjuqpoTépuucre, en regard de àWaxôOi, dXXaxôOev, âXXaxôde.

Il en est de même des mots dérivés formés à l'aide du suffixe -T^ç fféiii. -Tiç^: OiaauJTriç, ibiubinç, afrapYavidjTTiç, (ïTpaTHJbTriç, riXiKi-

��1. En ce qui concerne la formation voisine xà f)Ye|Ltôauva, il faut considérer que l'o n'est |)as tiiénialique". On trouve dans le Nouveau Testament à-fa9ooûvri, et plus tard encore âfiooùvri, ([ue certains éditeurs corrigent en {tr^a.%iua\}vr\, àifiujoûvri.

de Saussure, Oeuvres. W

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