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TRAITEMENT DE l'Û EN VIEUX PRUSSIEN, 445

Saîûbiskan «le mariage». On remarque dans cette famille de mots une vive oscillation entre îl et ail (valant oïl): par exemple, d'une part, salanban, saîailbai-gannan, salaâbai-boûsennien, de l'autre lûbnigs, salâhin, lûbi-, sallûhi-gennâmans, sa{l)liibiska-. Les exemples, comme on voit, sont dans leur ensemble favorables à notre règle; mais plusieurs aussi la combattent; ainsi l'on trouve 1 fois sallaâ- biskan (contre 4 exemples du régulier sa{l)lûbiska-) et d'un autre côté salàban, sallâbaiwîrins, salûbsna. Il paraît évident qu'une fluc- tuation s'était établie dans la langue elle-même à la suite de la divergence phonétique des groupes laiïba- et labi-, étroitement unis par le sens.

lûtin «la mer» (connu par 2 passages) est également dans les conditions indiquées. Le cas a ceci de particulier que \'ï du thème iûrl- = lit. jûi'é-, est le produit secondaire d'un ë.

Reste supuni en regard du lit. èiupônc. Mais on remarquera que c'est la seule forme où nous ayons affaire, de façon à peu près certaine, k un u atone. Rien ne prouve que le changement en où ne fût pas spécifiquement le fait des û toniques. Cette même con- sidération va permettre d'expliquer tu, forme du pronom au moins aussi fréquente que toû.

Tu pourrait être compris premièrement comme signifiant ^m, et par conséquent comme une forme complètement distincte de toû. Mais l'hypothèse est improbable : elle ne trouve aucun appui dans le lit. iù, qui sort régulièrement de *tû =^ si. ty^ pruss. toii. On est donc amené à lire tu par û long: dès lors la non-diphtongaison doit être motivée par l'emploi proclitique (partiellement aussi en- clitique) du pronom, et le contexte, si l'on examine l'ensemble des passages, n'est généralement pas défavorable à cette vue ^

1. Nous devons constater en terminant, dans le catéchisme même, deux exceptions difficilement réductibles: drûcktan toujours par û (lit. drûtas et drûktas), et daûsin concurremment à dûsin «animam», thème dûsé.

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