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ΒΟΥΚΟΛΟΣ.

rõk-; ζυγόν, jugum, juκ en regard du skr. yugam. En vain M. Osthoff (Beiträge de Paul et Braune, VIII, 275) cite contre cette règle le V. h.- a. zoum (cf. tiuhan), troum (cf. driugan) et le v. sax. liomo (cf. liuhaþ), où la disparition de la gutturale indique, d’après lui, qu’elle était suivie de w (*tau[]wmá-, etc.). Je ne sache pas, en effet, qu’un groupe germanique -auᵹma-, -euᵹma- (sans w) soit attesté nulle part, de sorte qu’il devient très probable que la chute de dépend simplement de la position entre u et m après une syllabe longue. Aux exemples de M. Brugmann il faut joindre: λυγρός, λευγαλέος, lūgeo, en regard du skr. rúgā, rōga-s «maladie»; θυγάτηρ en regard du lit. duktē; augeo, got. aukan, en regard du lit. áugu; lūcus en regard du lit. laûkas «campagne», skr. loka-s «monde»; εὔκᾱλος à comparer au skr. ōkas «repos, séjour» ; mūcus (μυκτήρ) en regard du skr. muńćati’, got. liugan «mentir» en regard du sl. lǒgati, etc.

Il y a une seconde série de formes où l’absence de labialisation, en grec, est en relation avec la présence d’un u devant la consonne: λύκος (cf. vṛka-s), κύκλος (cf. ćakra-m), κύκνος (ça-kuna-s), ὄνυχες, -νύχιος, etc. Mais le phénomène est ici de date hellénique, et consiste dans la suppression du w post-guttural que les mêmes mots possèdent dans des idiomes parents, tandis que dans λευκός il y a absence de w dès le principe. Il est possible que βουκόλος doive se placer à côté de λύκος plutôt qu’à côté de λευκός; au moins est-on obligé, dans cette dernière alternative, de reculer jusqu’à une bien haute antiquité les origines du doublet -κόλος -πόλος.