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EXCEPTIONS AU RHOTACISME.

(Mémoires de la Société de Linguistique III, p. 299. — 1877.)

L'évanouissement de la sifflante en grec, lorsqu'elle était placée entre deux voyelles, le rhotacisme en latin dans les mêmes con- ditions, sont deux phénomènes qui se font pendant. Il est curieux qu'un certain nombre d'exceptions soient communes à ces d^ux lois phonétiques :

1. pisum «pois» = tticToç (Curtius, n" 366). Le nom de famille Piso est un dérivé de pisum qui en garantit l'ancienneté.

2. qpOcra «souffle», cp. pusida (Curtius, n*^ 652). Le mot grec se trouve aussi écrit avec double CTCT, ce qui n'est sans doute qu'une manière d'exprimer la sifflante particulièrement forte à laquelle nous avons affaire.

3. miser, cp, |ii(Téuj (Curtius, p. 582. Corssen, I*. 377). )LiO(Joç «action indigne» appartient probablement à la même racine. — Le rhotacisme a cependant atteint le mot maeror parent de miser.

4. nâsus «nez»; cp. nares. Bopp (Gloss.) rapproche vfîaoç «île> de skr. nâsâ, lat. nasus. Voy. contre cette étymologie Cur- tius, p. 320.

Enfin, est-ce un accident fortuit que les mots keçara, keça qu'on réunit à caesaries aient pris en sanscrit la sifflante palatale?

Ces cas sans doute sont peu nombreux, mais le chiffre total des exceptions est également minime. Parmi le reste des mots qui ont échappé au rhotacisme latin, il n'y en a peut-être aucun qui ait son correspondant en grec, en sorte que ce n'est que dans les cas cités qu'on peut vérifier le fait dont nous parlons. Il y a en revanche des exemples du sigma grec conservé là où le latin a r.

Le désir d'éviter deux r consécutifs ne saurait être allégué (dans les mots comme miser, caesaries). Voy, les exemples d'accumulation des r chez Corssen, Beitr. z. ital. Sprachk., 236,

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