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LA TRANSFORMATION LATINE DE *TT EN SS SUPPOSE-T-ELLE UN INTERMÉDIAIRE *ST^?

(Mémoires de la Société de Linguistique III, p. 293. — 1877.)

Un phénomène bien connu de la phonétique latine est celui qui a transformé en sifflantes les dentales d et t, lorsqu’elles venaient à se rencontrer à l’intérieur du mot. On peut poser pour règle que les groupes tt, dt se sont changés partout en ss, et qu’à son tour ss est devenu simple s lorsqu’il était précédé d’une voyelle longue ou d’une consonne. Je fais suivre ici les exemples parce qu’ils permettront de vérifier commodément la loi^.

1. Après une voyelle brève:

fassus de fâteor grassor 1 , ^,.

passus de pâtior gressus j

quassus de quâtio sessum de sëdeo

fessus de fâtiscor fossus de fôdio

messus de mëto fissus de fi(n)do

missus de mitto scissus de sci(n)d()

auxquels il faut ajouter les formes qui ont allongé la voyelle et dédoublé la sifflante; ceci n’a lieu que lorsque le groupe primitif était dt^ :

��1. La même question est étudiée par M. Frôhde dans le 3e fascicule des Beitrâge zur Kunde der Indogermanischen Sprachen de Bezzenberger. Comme ce fascicule a paru le 11 ou 12 avril et que le travail de notre confrère nous a été envoyé le 13 mars, les points où les deux auteurs se rencontrent ne sau- raient être mis sur le compte d’un emprunt. (Note de la Rédaction.)

2. Une ample collection s’en trouve chez Pott, Wurzelworterh., IV, 35 seq. — Dans toute notre recherche nous avons laissé de côté ce qui était douteux, des mots comine caussa, lessus, restis ou même vicenstimus qu’on peut ramener soit à vicenttumus, soit à vicentu-mus (cp. mansum). — Sur un seul de ces mots nous voulons hasarder une conjecture: lanista, que M. Frôhde désigne comme «unklar», serait-il le grec baveiorriç et aurait-il par conséquent passé par les sens à’ usurier et marchand d’esclaves en général ? L’absence de tout autre point d’attache excusera ce que cette supposition a d’aventureux.

3. Nous savons par Aulu-Gelle (IX, 6) qu’une voyelle radicale brève devenait longue au participe passif si elle était suivie primitivement d’une consonne sonore; ainsi àctus de àgo en regard de dîctus de dico. Cette particularité ex-