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SUR UNE CLASSE DE VERBES LATINS EN -eO. 365

comparaison: la syllabe -ja étant de telle nature qu'elle ait été affectée au passif en sanscrit, certains verbes latins en -eo ayant d'autre part une grande analogie de sens avec ces passifs, il y a présomption pour que ce soit aussi la syllabe -ja qui ait formé ces verbes en latin. — Si maintenant nous tenons compte du premier groupe, cette présomption devient une probabilité.

J'ai hâte maintenant d'en venir à deux points jusqu'ici négligés: en premier lieu, d'après l'hypothèse exposée plus haut, il faut s'at- tendre à trouver partout dans ces verbes en -eo la racine sous une forme affaiblie. C'est ce qu'on peut vérifier en effet pour liceo, frâgeo, craceo, doleo, horreo, torreo; mais il en est autrement pour candeo, careo, mereo, îûceo. En ce qui concerne ce dernier verbe, on peut admettre qu'il remonte avec Xeu(Tcruu à un dénominatif laukjâii qui aurait conservé malgré l'accent le gouna du thème no- minal {lux, XeuKÔç dériveraient de ce thème nominal). Les autres, en particulier candeo à cause duquel j'ai admis la forme indo-eur/Op. k^vandhjâti au lieu de k^vadhjàti (cp. skr. çudhjati), sont des excep- tions qu'il faut renoncer à expliquer. Si elles sont de nature à infirmer notre supposition relative à l'accent, on ne peut regarder pour cela comme écartée, même en partie, la question plus simple de savoir si ces verbes sont des verbes en -ja. — D'ailleurs il reste toujours la possibilité que les exceptions dont il s'agit soient des verbes en -aja.

En second lieu, nous avons à tenir compte des verbes en -io^. Chez ces verbes, la limite entre ce qui suit la 3® et ce qui suit la 4^ conjugaison semble être assez flottante. Tantôt, comme dans potior, les deux flexions sont contemporaines; tantôt l'une des deux est sortie de l'usage et n'a laissé de traces que chez les vieux au- teurs. Les deux conjugaisons se touchaient de si près qu'on con- çoit facilement un passage insensible de l'une dans l'autre; ce phénomène n'a rien de commun avec le parallélisme de deux verbes tels que olo et oleo, scato et acafeo, chez lesquels les thèmes sont différents. Si nous cherchons dans quel sens a eu lieu ce changement de conjugaison, nous le voyons constamment s'effectuer de la 4® à la 3®; un seul exemple du mouvement inverse est offert dans imvire en regard duquel depuvit (parf.) est conservé, avec cita-

��s'équi valent comme formés tous deux de sam + gna sera une identification grammaticale.

1. Nous omettons fallo, pello et leuis pareils, qui n'appartiennent pio- bablement pas à la clas.se en -io.

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