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SUR UNE CLA3SE DK VERBES LATINS EN -60. 359

même signification. Dans la série qui suit, c'est le moyen ou le passif (existant ou supposé) du verbe étranger qui répond, pour le sens, au verbe latin conjugué à l'actif:

13. wer-eo (et mereor) «gagner sa part, prendre part à» = |LieîpO)aai pour |Li€p jo-|Liai «recevoir sa part». Curtius, n° 467. — *)neipuj, d'a- près ce qui a été développé plus haut, devait avoir un sens actif et signifier par conséquent «distribuer les parts»; ainsi mereo corres- pond bien à un moyen et seulement à un moyen.

14. càr-eo (et anc. careor) == Keîpo)Liai pour K€p-jo-|aai, pass. de Keîpuj «tondre, couper». Cette étymologie a été faite souvent. Voir en particulier Léo Meyer, Vergl. Gr., II, 29. Curtius, Verbimi, II, 334. L'ancienne tournure: te? quod amo careo, doit se comprendre comme les constructions grecques analogues. — On pourrait venir par un autre chemin à l'idée de comparer Keipiu et careo, je veux parier de la coutume de se raser la tête en signe de deuil, d'où sont sorties des expressions telles que celles-ci, d'un auteur inconnu chez Hésychius : becTiTÔTiiv KeKap|iiévoi (ïttttoi) avec l'explication : becTTTÔTnv TTevGoûvieç" èrreibr) Km toùç ïttttouç drréKeipov eiri toîç SavdtToiç TÛJV beaTTOTÛJv.

15. îic-et «il est permis» aurait son équivalent dans le passif du verbe grec que nous a conservé une glose d'Hésychius : Xi(T(Ttju|Liev ' èd(7uj)iev qui, il est vrai, n'est pas tout à fait sûre, se trouvant placée entre les mots XiCTcrri et \i(T(T0|uévr| en dehors de l'ordre alpha- bétique. M. Curtius place, à titre de conjecture, XicTcrujjuev sous la racine rik (XeiTruu, linquo, etc.) et licet également; XidCTui est de même formation que le védique ricjafi. On attendrait Hiquet, mais nous avons l'explication de l'anomalie dès que nous regardons licet com- me un verbe en ja. Le k labialisant ne peut subsister devant jod et devient k^. C'est ainsi qu'on a irécTCTiJU = *TTeKJa) en regard de TTéTTUJV, Xî(T(Juj)Liev = *XiK-juj-|iev en regard de Xmeîv. De même licet pour lic-jë-ti ne montre pas le qu de linquo. Cf. delicia à côté d'o&- liquns (Corssen, Ausapr., I^, 499). Liceor, poUiceor ne peuvent avoir rien de commun avec linquo, dit Corssen (1^, 501), et il nous semble avoir raison sur ce point; mais le même auteur va évidemment trop loin quand il en .dit autant de licet, dont la parenté d'idées avec linquo et skr. rie «laisser la place libre» est d'une simplicité lumineuse. — Nous séparons donc liceor et polliceor de licet.

16. *iër-eo = leipo^iai pour xép-jo-^ai, pass. de Tefpuu. De ce ▼erbe vient teres, -ëtis, comme hëbes de heheo. L'un et l'autre sont d'anciens participes passifs dont la forme pleine *tereius, *hebetus

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