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358 SUR UNE CLASSE DE VERBES LATINS EN -60.

requiescere, etc.)^. Il n'est pas impossible que la longueur de Ve soit due à l'ancien groupe mj qui suivait cette voyelle et qui en sanscrit aussi a produit l'allongement de l'a. Cf. plus bas *tetneo, et les phénomènes d'allongement opérés en latin par les groupes ns, nf.

8. àv-eo = aiuu, pour àf-juj. Curtius, n° 586. L'idée fondamen- tale de cette racine, qui a donné en skr. avati «favoriser», semble avoir été être sensible.

Les exemples qui suivent sont plus douteux:

9. cand-eo = çûdhja-ti. La racine est k^vandh, gr. Ka8-apôç. Sans doute on peut aussi rattacher candeo à une racine skand. Ce- pendant les sens de candidus s'accordent très bien avec l'étymologie que nous adoptons.

10. rîd-eo = Kpilvj. Ce verbe grec n'est conservé que dans la glose Kpibbé)aev ' yeXdv " BoiuuTÎa 6é }] XéHiç (Hes.). V. Curtius, Ver- himi, I, 318. Faut-il comparer le skr. krîd «jouer»?

11. tim-eo = t'im-ja-ti *■ être momWé»; limita, suivant le Dict. de Saint-Pétersbourg, signifie silencieux, immobile. Le rapprochement de ces deux mots est du reste très ancien (Kuhn, Ztschr., IV, 5). Cf. slimjali.

12. Hêm-eo = tdm-jati «être étourdi, troublé»; temeo est le verbe que suppose têmëtïim «vin, boisson enivrante», car les mots en -êto dérivent régulièrement de verbes en -eo dont ils sont participes. Deux choses cependant peuvent faire penser que *temeo était un verbe dérivé: d'abord précisément ce part. parf. pass. en êto qui ne se trouve pas ailleurs dans notre classe de verbes, puis le mot têmu- lentus qui indique un thème nominal *têmo- «vin»; or l'existence de

  • fémo- rend assez probable que tëmeo est un dénominatif.

Dans cette première série on observe un accord exact de la fonc- tion des verbes latins avec celle des verbes des langues parentes, c'est-à-dire jque, conjugués à la même voix, les deux verbes ont la

1. M. Biéal a proposé dernièrement une étymologie (Afé»J.S'oe./^»«pr. 111, 248) qui me parait plus vraisemblal;le, bien que la distance des sens entre çram et démens, qui est une des objections de l'auteur, ne me semble point infrancliissable. La racine serait k^av «appuyer, incliner», la même qui se trouve avec métathèse dans clivas, k\{vuj ctc:, et le suffixe serait composé de nten -\- ti. Qu'on com- pare KXîwaS «échelle, gradation», avec coUis clémente,)' assurgens, et pour ce qui est de l'idée morale de démens, le sanscrit çarman «protection» qu'on a depuis longtemps placé avec çri =^ k\{vu» et qui nous donne précisément ce thème en vtan dont démens est dérivé secondairement. — Nous laisserons donc aller

  • demeo à vau-l'eau.

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