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356 SUR UNE CLASSE DE VERBES LATINS EN -eO.

Elle s'est alors développée en av, ap, au lieu de se réduire comme on l'attendrait à la consonne simple^. Ce n'est donc pas une dif- férence fortuite que celle qui existe entre (TTreîpuj «semer, agiter > et (JTTaipuj «s'agiter»; tous deux appartiennent à la même racine (Curtius, Grdz.*, n° 889. Cf. Grassmann, Worterb. zum RVeda s. v. phar), mais le premier descend de la forme forte spâr-ja^-ini\ le second en qualité de verbe neutre de la forme faible spr-jâ^-mi. C'est ainsi qu'on a Teipo), Treipo), (pGeipai, àeipiw, eeîvu), Teivuu, Kxeîvuj et autres verbes transitifs en regard de X«'P^> (JKaipuj, paivuj, craivui, Xaîvuu, etc., verbes intransitifs ^ Un assez grand nombre de verbes transitifs se rangent dans le dernier groupe; aussi n'avons-nous pas, dans l'énoncé de l'hypothèse, posé de règle absolue à leur égard. On ne trouve pas en revanche, autant que nous sachions, de verbe neutre dans le l*"" groupe.

Après cette digression qui était nécessaire pour fixer les idées sur la possibilité d'un double accent des verbes en -;«, revenons aux verbes latins en -eo et passons tout d'abord en revue ceux d'entre eux que nous étudions. Deux choses frappent quand on considère l'ensemble de la conjugaison en -eo: la grande quantité de verbes à sens neutre ou passif qui s'y trouvent, et (ce qui est singulier pour des verbes dérivés) le petit nombre de ceux qu'on peut rat- tacher à un thème nominal. Qu'on compare le tableau de la con- jugaison en -are dans la Grammaire comparée de Léo Meyer (II, p. 5 seq.), et l'on verra dans quelle proportion tout autrement considérable on retrouve à côté de ces derniers verbes les thèmes nominaux qui sont à leur base. Ces deux particularités apparaîtront sous un tout autre jour après la confrontation des verbes grecs et skr. corres- pondants. Il nous reste auparavant à dire un mot sur le représen- tant de skr. /• (et de grec pa, ap) qui est en latin or^ ol. Je dois la connaissance de cette observation à un entretien avec M. le pro-

1. Ceci fait bien voir qu'on a tort de parler d'un r ou jd'un n voyelle. II ne s'agit, croyons-nous, dans tous ces cas que d'une sorte d'e muet représentant l'a réduit à son minimum et qui plus tard, en grec par exemple, est redevenu une voyelle distincte. Sans doute ce son accompagne de préférence les nasales et les liquides, mais on le trouve même dans l'entourage de consonnes sourdes.

2. Dans les présents redoublés où la racine était aussi primitivement sans accent, la tonique tombant sur la syllabe de redoublement, nous devons nous attendre à voir la racine affaiblie. La chose est évidente dans les verbes comme TTÎ-UT-UJ, ^{-nv-uj, ï-ox-u), ^{-^M-o\iO\. Mais cet affaiblissement existe tout aussi bien dans ti-toIvu) = t(-t«-juj (cp. xeivuj = liv-jw) dans ua-TtTafvw, T6-Tpa(vuj, |Liap-jxa(puj, Kap-Koipu), i-dXXuj, uai-TidXXuj etc.

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