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SUR UNE CLASSE DE VERBES LATINS EN -CO. 355

verbes neutres en ja et une des raisons qui ont déterminé le dé- placement de l'accent dans ces verbes: une fois le passif créé, il fallut en effet s'en différencier, et ceci ne put avoir lieu qu'en abandonnant l'antique accentuation. D'autre part la fraction des verbes transitifs en -ja qui avait porté de tout temps l'accent sur la racine exerçait sur les autres l'attraction de l'analogie. Grâce à ce double facteur toute la 4* classe prit enfin un accent hystérogène uniforme.

Le grec, ayant profondément modifié tout l'accent du verbe, ne nous laisse guère que les traces qu'a pu garder la racine de l'état de choses ancien, pour nous diriger dans la restitution de l'ac- cent à sa place primitive. La racine présente-t-elle sa forme la plus forte, l'accent reposait sur elle dès l'origine. Montre-t-elle une dé- gradation, l'accent a dû frapper autrefois le suffixe. Il n'est plus douteux par exemple que l'inev = imâs en regard de eî|ai = émi n'ait été d'abord oxyton comme la forme sanscrite correspondante. Malheu- reusement le vocalisme de la racine est souvent trop peu sensible à l'accent pour en avoir reçu et conservé l'empreinte. Ainsi, dans la classe qui nous occupe, viLkm, qui probablement s'est toujours accentué ainsi, n'est cependant pas devenu veiZiuj. Sous ce rapport Xeu(T(Tuj «voir> (pour *XeÙK-juu) est une exception remarquable. — Les données sont cependant un peu moins maigres quand il s'agit des racines en ar ou en an. Si nous adoptons les résultats des recherches sur les liquides et nasales sonantes indo-européennes pour- suivies en particulier par MM. Brugman et Osthoff [Nasalis sonans in der Indog. Griindsprache von K. Brugman dans les Studien de Curtius IX, 287 sq.), nous aurons dans l'alpha d'un grand nombre de formes l'indice d'une dégradation de la racine: a et dans cer- tains cas av apparaissent comme les représentants d'un n- voyelle indo-européen qui en sanscrit aussi bien qu'en grec a développé un a derrière lequel il a souvent disparu (xaTÔç, skr. taiâs == indo-eur. twtâs). De nr>ême le r- voyelle primitif prend en grec la forme pa ou ap (\a ou aX), mais les phénomènes relatifs au r- voyelle mis en lumière par M. Osthoff n'ont été jusqu'à présent qu'indiqués par l'auteur dans les Beitr. zur Gesch. der dentschen Spr. n. Litt. (de Paul et Braune), III, p. 51, et par M. Brugman {Studien, IX, 375). Malheureusement les cas les plus importants pour notre sujet ont été à peine effleurés (loc. cit., p. 327 et 376). Ce sont ceux où une liquide sonante s'est trouvée non entre deux consonnes, mais entre une consonne et une voyelle ou entre une consonne et jod.

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