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LE SUFFIXE -T-. 343

l'élargissement de -t. Entre -ta et -nta la distance n'est pas plus grande dans le principe qu'entre le thème faible et le thème fort de bham-ni ^.

Nous ne ferons presque que nous répéter hn émettant notre présomption sur l'origine du suff. tar qui sert à former des noms d'agent et des participes fut. act. Suivant toutes les apparences tar résulte de l'addition du suff. ar au suff. participial t ou nt soit médiat soit immédiat ^. Ici encore nous sommes heureux de consta- ter que M. Ebel portait sur cette matière le même jugement quand il disait (loc. cit.): «Peut-être même faut-il voir ce t (le t de àpXriT) dans le suffixe tar, puisque nous avons dêvr, àvrip, ànp.» A ces mots qu'il citait comme preuve de l'existence d'un suff. ar on pour- rait ajouter aî9-eç, amvG-ep, peut-être ioxeaipa (îoxe./^-ap-ja), et skr. ushar = èap (voy. Mém. Soc. Ling., Il 73).

Voyons d'abord le suff. masc. t-ï] particulier au grec, dont le sens est celui de T-rip et dont la formation est calquée sur celle de t-o: T immédiat -|- r] : Ppuj-T-r| cp. dj|Lio-Ppuj-T T médiat -\- ï] : èx-CT-ri^ cp. èx-riT T nasalisé -\- y\ : èôe\-0VT-ri* cp. èôe\-ovT.

Un schème tout pareil serait celui du suff. t-ar. 1^° série : bhar- t-ar (cp. dharma-bhr-t), 5|ir|-T-rip (cp. à-b|Ltri-T), da-t-or cp. do-t. 2® série: ^an-it-ar, T^v-ex-rip, gen-it-or. De la troisième il n'a sub-

1. Mentionnons comme complément de ce qui précède les adverbes grecs en Ti que nous tenons pour des locatifs de participes : à-bnr|-T{ de à-b|uri-T; ^kï]- Ti de éKTi-T, forme faible de éKOVT (l'a a été conservé dans la glose d'Hésychius : T€Kâ(Ta — cod. X€kq9cI — éKoOffa), éGeXo-vTÎ de é9e\o-vT. — Il y a une autre classe d'adverbes en xi, ceux-là dérivés de participes en to et contractés pro- bablement de Tel qui est la forme régulière conservée parallèlement. Ce n'est point sans doute par hasard que l'i de é'KriTi, à^Krixi est bref dans Homère, tandis que àvuiiaTÎ, àvai|aujT{ (atinôiu), àvibpiurC (l&pôu)), àvourriTi, éypriTopTl l'allongent; |LieXeï(JT( fait exception.

2. Le rapprochement de Bopp avec la racine tar «transgredi» est peu con- vaincant. M. Benfey après avoir eu la même idée a réuni les suffixes tar et tan; mais ici nous tombons dans une théorie où tout le monde ne voudra pas suivre le savant professeur.

3. Jusqu'ici nous avons divisé les mots où apparaît le suffixe médiat d'après le modèle suivant: àpxe-T, |aeve-TO, jnevo-vT, attribuant la voyelle au thème. Mais puisque, à la longue, cette voyelle a positivement passé dans le suffixe, il est permis également de diviser comme ci-dessus, et nous adoptons dès ce moment cette manière d'écrire qui servira mieux notre but.

4. Outre éOeXovTii j'avoue n'avoir à citer que éKovTr). Le fleuve 'OpovTri a probablement un nom étranger. En revanche le féni. GepoTTOVTib semble sup- poser un masc. eepairovTri (cp. éSeXovTib).

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