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LE SUFFIXE -T-. 341

La nature du part. pass. latin en ito que nous avons introduit dans ce paradigme demande pour être bien fixée quelques déve- loppements.

Pour se rendre compte des participes grecs tels que éXero, eùpeTO, (XTieio, dpibeiKexo, àîreuxeio il est superflu de recourir à la «voyelle euphonique de liaison», car la forme en to, comme Lo- beck le faisait remarquer \ existe souvent parallèlement à la forme en €T0. Nous avons bien plutôt affaire à la même voyelle théma- tique dont nous observions tout-à-l'heure la présence dans le suff. at. Les deux suffixes sont formés symétriquement: at == a verbal -|- suff. /, eTO ou ata = a verbal -f- suff . ta. D'autre part nous avons décomposé le suff. ta en t -\- a. Tout ceci revient donc à dire que le suff. a-ta, grec e-TO est un élargissement du suff. a-t lequel a donné le part. prés, et que nous désignons sous le nom de t mé- diat^. Rien d'étonnant dès lors à ce qu'on trouve à côté de ei»X6T0, Tiexo des participes comme (TKeXero, (TKaireTO, etc., lors même que les thèmes verbaux cTKeXe, CKaTre n'existent pas: nous avons con- staté le même phénomène d'analogie dans l'emploi du suff. a-t.

Il n'y a aucune raison pour croire que les participes latins en question soient faits dans un autre moule; ito répond régulière- ment au grec eio, et le même affaiblissement de e en i a eu lieu en particulier dans la forme consonantique du même suffixe {tudit)^.

Enfin nous réunissons ici les part, sanscrits en ita qui eux aussi ont affaibli l'a primitif ^. Le gouna que prennent certaines racines devant ita (marshita) rappelle beaucoup le part, en at dont dérive celui qui nous occupe. Du reste qu'on veuille bien y prendre garde : admettre, comme on l'a fait, dans le sanscrit patifa, et dans le lat. geniio une voyelle de liaison i, c'est ne pas tenir compte des formes grecques parfaitement conformes (ievero, -|uaxeT0, etc. Car leur e ne saurait représenter un i primitif.

La 10^ classe des verbes sanscrits fait son part. parf. pass. en ita. Nous trouvons semblablement en latin domito du causatif do- mâre, monito de monêre, etc. L'i de ces formes latines et indien-

1. Paralipomena, p. 4.36 et passim.

2 Cette opinion qui fait de 1'» du lat. ito une voyelle thématique est par exemple celle de M. Corssen (Ûber Aussprache, etc., II, 291). — La persi.stance du thème du présent au part. parf. pass. est évidente dans des formes comme pec-li-to, bu-va-To; de même dans la majorité des verbes dérivés latins et grecs: arà-to, Ôpâ-To c.-à-d. araja-to, ôpaJe-TO.

3. La raison d'eupjionie n'a guère plus de poids en sanscrit et en latin qu'en grec, puisque les deux formes se rencontrent dans certains verbes.

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