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LE SUFFIXE -T-.

{Mémoires de la Société de Linguistique III, p. 197. — 1877.)

M. Bréal dans l'analyse qu'il a faite du suff. ant au tome II de ces Mémoires (p. 188), l'a ramené au suff. ta du part. parf. pass. en montrant l'antériorité de la forme at sur ant ^ Telle était aussi notre conjecture, en ce sens que le f nous semblait être le seul élé- ment essentiel du suffixe et sa parenté avec ta extrêmement probable.

Mais c'est dans /, non pas dans ta, que nous avions cru recon- naître la forme la plus primitive. Cette hypothèse — qui sans doute préjuge en une certaine mesure la nature des suffixes — a été mise en avant déjà par M. Ebel {Journal de Kuhn, IV 325).

Etant donné ce / qui apparaît encore clairement dans des mots tels que karma-kf-t, \i|ao-0vri-T, on s'expliquera en premier lieu les formes du part. prés, a-t et a-nt: la forme forte, comme le dit M. Bréal, est le résultat d'un simple renforcement nasal ; quant à la voyelle, elle appartenait, avant de s'agglutiner au suffixe, aux thè- mes verbaux de la première conjugaison principale.

En d'autres termes, pour le suff. t comme pour nt on peut distinguer deux modes d'emploi principaux : celui où ils s'ajoutent directement à la racine [sarva-gi-t, Ti9e-VT), et celui où ils s'ajoutent à un thème terminé primitivement en a. Ce dernier cas est si fréquent que la voyelle du thème a fini par faire corps avec le suf- fixe; mais en théorie il n'y a ni suff. at ni suff. ant : il y a seu- lement / et nt. Sur ce point nous pouvons invoquer l'autorité do Bopp {Gramm. Comp. Trad. IV, § 782 et § 804). — Les termes de primaire, secondaire ne pouvant s'appliquer ici, on nous permet- tra d'appeler suffixe immédiat le t ou nt joint à la racine, suffixe médiat le t ou nt joint à un thème en a. — Quant à la fonction, elle est active ou passive; nous réunissons ici les principales formes à considérer.

1. M. Bergaigne se joint à cette opinion dans son article sur le rôle de la dérivation dans la déclinaison.

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