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328 DE l'emploi du génitif absolu en sanscrit.

Ibid. m 1269:

râjyaiîi nah paçyatâm hrtani.

Ibid. XIV 2365:

hâ-hâ dhik Kuruvirasya sawnâham kâncanam bhuvi apaviddham hatasyêha maya putrêna paçyatâ.

Ces exemples permettent de répondre à la fois à la question spéciale du sens de misant-, et à la question de syntaxe qui con- cerne paçyant- comme misant-. Le mot misant- n'a jamais signifié que voyant ou regardant. Toute autre explication se trouverait d'ailleurs en désaccord avec l'étymologie et avec la tradition. On ne doit pas oublier que, dans nombre de génitifs absolus, il ne règne aucune équivoque à l'égard de cette signification. En considérant les emplois plus vivants du même participe, on reconnaît que, jus- que dans le Bhâgavata-Purâna, alors que le verbe fini mi§ati était tombé en pleine désuétude, il garda constamment son acception pri- mitive. Exemple: jano 'yam misan na paçyati (V 18, 3),

Il était si commun — soit au génitif absolu, soit dans les con- structions mentionnées p. 325 — d'appliquer les participes paçyant- et misant- «voyant» au spectateur impuissant d'une scène, qu'on avait fini par s'en servir en toute situation analogue, en parlant, non plus du spectateur de l'action^ mais de l'objet ou même de l'agent. De là les phrases précitées, où l'addition plus qu'oiseuse de ces parti- cipes n'est évidemment qu'un moyen d'accentuer fortement Vanâdara.

C'est surtout misant-, il faut en convenir, qui a subi cette ex- tension d'usage. Même au cas absolu, misatas tasya «illo spectante» devient souvent une locution pour dire «illo invito». Jamais ce- pendant l'idée de voir ne disparaît entièrement^.

IV. Le verbe antardhîyaiê «disparaître» est accompagné, dans des cas qui ne sont pas douteux, d'un génitif de personne. Ainsi Bhâg. Pur.VIlI6,26: tê§âm anfardadhê «il devint invisible à leurs yeux»*.

1. On a vu p. 327 un passage que Burnouf traduit «les chefs des Suras quittèrent les deux époux qui voulaient les retenir (misatôh)». Interprétation peu plausible, précisément parce qu'elle ne fait aucune part à l'idée de spectans qui resta toujours au fond du mot misant-, et qui est cause qu'on ne l'emploie pas pour exprimer toute espèce d'opposition. Il faut qu'il y ait étonnement, dépit, consternation. — Le passage en question est tout au contraire un de ceux où apparaît le sens pur de spectans, sans aucun mélange d'anâdara.

2. Si ce génitif est de ceux qui ont remplacé un datif, il rentre par aiiti-

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