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326 DE l’emploi du génitif absolu en sanscrit.

entendu l’ensemble de l’action verbale. Or ce n’est qu’au génitif, et au génitif dépendant d’un nom, qu’on a l’occasion d’appliquer paçyanl- de cette façon. Les autres cas, en effet, sont réservés aux objets, sujets et compléments de l’action verbale, et ceux-ci voient trop évidemment l’action qu’ils subissent ou qu’ils accomplissent pour qu’on ait jamais à le dire.

II.

Nous devons constater cependant que les auteurs hindous prennent parfois cette peine inutile, et mettent leurs lecteurs en présence de phrases qui, au moins à première vue, sont tout le contraire de spirituelles. MBh. IX 218:

sarvân vihramya misatô, làhaih éâkramya mûrdhani, Jayadraihô hatô râjâ: kim nu çêsam upâsmàhê?[1]

Bhâg. Pur. IV 8, 14 (sujet: Dhruvô hâlàkah):

mâtui), sapatnyâlb sudwicktividdhah çvasan rusa dandahatô yathâhih hitvâ misantam pitaram sannavâcam jagâma tnâtufi prarudan sakâçam.

Il y a naturellement tels cas où, quoique ajouté à un génitif possessif, ce mot voyant ne choque pas moins le sens que dans les exemples précités. Bhâg. Pur. III 3, 3:

êsâm . . misâtâm . . padam mûrdhni dadhat.

De telles singularités sont au nombre des raisons qui peuvent faire douter de la signification de misant-. Il importe, avant de continuer, d’éclaircir ce point spécial.

III.

Il est beaucoup moins facile qu’on ne croirait de fixer le véritable sens de misant-.

Premièrement, si l’on fait abstraction de nos génitifs absolus, le verbe misati au simple est fort rare, tant dans le dialecte des Védas que dans le sanscrit classique. A ne considérer que l’usage qui en est fait au génitif absolu, la traduction qui se présente naturellement dans la plupart des cas n’est point «voir», mais «résister, être opposé à, se dépiter». Par exemple misatô *sya Çaéîpatêk, MBh. I 8159, forme un pendant exact aux mots akâmasya Çatakratôh du

  1. Les exemples parallèles prouvent qu’il n’est pas nécessaire de corriger misatô en dvisatô.