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290 DE l'emploi du génitif absolu en sanscrit.

L'édition du Mahâhhâsya qu'a entreprise M. Kielhorn n'est mal- heureusement pas encore parvenue jusqu'au sûtra en question.

On est forcé de trouver le précepte de Pânini d'une part trop exclusif, de l'autre trop indéterminé. Trop exclusif, car Vanâdara n'est pas la seule application permise, quoique ce soit la plus caracté- ristique et celle qui s'affirme avec le plus de conséquence. Trop indéterminé, puisque les restrictions concernant la nature du sujet et le temps du verbe (voy. §§ 2 et 3) sont passées sous silence.

Quant au choix du terme anâdara, il est d'une justesse irré- prochable. On a pu s'en convaincre, je l'espère, en suivant l'ana- lyse à laquelle nous nous sommes livré plus haut (p. 279 seq.)^.

Les commentateurs répètent fidèlement la règle du maître par- tout où l'occasion s'en présente. Voici quelques exemples:

Râm. Cale. III 18, 16: adyêmém hhah§ayi^yâmi paçyatas tava tnânu$tm^.

Commentaire de Râmânuja: paçyatas tava, paçyantam tvâm anâdrfya. Quelques vers plus bas se trouve tasya Râmasya paçyatah, mais cette fois sans aucune trace à'anâdara. Le scholiaste ne souffle mot. Au vers I 60, 15 (voy. n^ 107), l'anâdara est également nul, et le commentaire se contente de dire: munînâm paçyatâm, munisu paçyatsu. En revanche, nous avons vu plus haut (p. 286) un cas très peu différent, où Râmânuja met la note anâdarê ?a$thî.

La phrase: na çaktas tvam halâd dhartum Vaidêhîih marna paçyatajf,

qui n'offre pas le pur anâdara (v. p. 286) est accompagnée également de la remarque: mâm paçyantam anâdrtyêty arthah. Çiçupâlavadha 18, 64 (cf. 15, 34)°: kaçcic chastrapâlamûflhô 'parôijhur'

l.Il y a peut-être quelque intérêt à noter les vers suivants, où l'expression du poète rencontre celle du grammairien:

bhunjânam annam tam dfstvâ Bhîmasênam sa râksasah vivj-tya nayanê kruddha idaih vacanam, abravit :

  • kô ^yam annam idam hhunktê madartham upakalpitam

«paçyatô mama durbuddhir yiyâsur Yamasâdanatn? Bhtmasênas tatalf, çrutrâ prahasann iva, Bhârata, râksasam tam anâdjiya bhunkta êva parâAntukhafi.

MBh. I 6277.

2. L'édition de Gorresio (m 24, 17) porte : ^«fya^as tê Himâninah.

3. La signification active donnée à ce mot paraît suspecte. Doit-on lire : apavô^hur ?

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