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280 DE l'emploi du génitif absolu en sanscrit. ^

sens de ce terme peut se rendre par: «quand il n'est pas tenu compte, quand il y a indifférence, absence d'égards, acte de passer outre. »

On aurait tort toutefois de croire que le génitif absolu jouisse d'une faculté propre pour exprimer l'idée de quoique. 11 faut que cette idée se dégage plus ou moins clairement des mots eux-mêmes, et dans ces conditions le locatif absolu indien, comme l'ablatif ab- solu latin, comme le génitif absolu grec, se charge parfaitement de la même fonction. Le cas absolu marque une circonstance conco- mitante. Dès que le rôle de cette circonstance dans l'action prin- cipale ne donne lieu à aucune équivoque, l'esprit supplée de lui- même la conjonction voulue. En un mot, Vanâdara est indépendant du génitif. Ce qui est exact, c'est que, étant donné Yanâdara^ l'usage incline pour le génitif.

Ce caractère purement subsidiaire du génitif absolu me paraît avoir été méconnu par M. Stenzler dans le passage cité plus haut (p. 271) où il dit: «verba misatâm nak, «nobis adspicientibus» haud significabunt: dum nos adspiciebamus, sed: quanquam nos adspi- ciebamus.» L'observation, sans être précisément fautive, dépasse la mesure. Il semblerait que le génitif ait%u le pouvoir de transformer la phrase, d'y introduire une idée qu'on n'apercevrait point si les mêmes mots étaient mis au locatif. La vérité est que l'anâdara ré- sulte du contexte, et qu'il n'en résulterait pas moins sûrement si nous avions le locatif au lieu du génitif. — J'ajoute que par une conséquence directe de cette première erreur, M. Stenzler commet celle d'admettre le sens tranché de quanquam dans une phrase où on ne peut trouver qu'un quanquam atténué, de l'espèce considérée ci-après sous le chef IL

Si nous faisons une classification, c'est uniquement pour in- troduire un ordre dans nos exemples. Ce qui précède montre en effet qu'il n'y a pas différentes valeurs propres du génitif absolu. Nous ne pouvons qu'inscrire des catégories logiques, en mettant en regard de chacune d'elles des exemples qui en dépendent.

Il convient de reconnaître, en terminant, que quelques cas peu nombreux militent contre le principe développé ci-dessus et tendent à indiquer que le génitif absolu n'est pas toujours inexpressif par lui-même sous le rapport de Vanâdara. On le trouve dans des phrases où, pour rendre l'idée de quoique, le locatif absolu serait sinon in- suffisant, du moins beaucoup plus ambigu. Ainsi, à force d'être affectée aux cas d'anddara, notre construction arrive à porter ce

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