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SECTION I. 273

fois de leur véritable interprétation. Lors même qu'ils seraient moins douteux, ces exemples n'ont aucun des caractères essentiels du gé- nitif absolu indien. Les citations en partie différentes de Spiegel {Gramm. derAltbaktr.Spr.,^2n) donnent lieu à la même remarque^. Au reste, la confusion très grande qui règne en zend dans l'emploi des cas, jointe à l'absence surprenante des locatifs absolus, serait de nature déjà à recommander une extrême prudence.

Dans le sanscrit classique, il n'est guère de texte de quelque étendue qui n'offre des exemples de génitif absolu, pourvu que le genre littéraire y prête. Ce sont les ouvrages du genre narratif, principalement les épopées et les Purânas, mais aussi la prose du Pancatantra, qui en admettent le plus facilement l'usage. — Le drame paraît éviter les génitifs absolus. Il est vrai que nous n'avons pas poussé très loin nos recherches sur ce point.

Quant aux écrits de la basse époque, leur langue étudiée et artificielle ne sait plus, autant que nous avons pu l'observer, se servir d'un tour qui n'avait jamais été bien usuel. Ceci ne con- cerne pourtant que le sanscrit des puristes, car on rencontre des génitifs absolus dans des textes écrits plus librement, tels que le Panéadandaéhattraprabandha, postérieur au XV® siècle. I^e fait tient sans doute à ce que dans le parler populaire, comme on en peut juger par le pâli, cette construction demeurait encore vivante.

Le génitif absolu en sanscrit passe pour une rareté syntaxique. Il serait plus exact de dire qu'on le rencontre rarement en dehors d'un certain nombre de formules, dont quelques-unes sont au con- traire assez répandues. Telle d'entre elles, dans quelques parties du Mahâbhârata, n'est plus qu'un refrain banal et une des chevilles de versification dont le poète abuse le plus.

Dans ce qui suit, nous parlons de sujet et de prédicat (ou attri- but^) du génitif absolu, plutôt que de les appeler substantif et par- ticipe. Ces expressions ne peuvent prêter à aucune équivoque. Elles ne sont pas moins légitimes que le terme proposition-participe appliqué au tour absolu.

��1. A l'exception peut-être du passage Yt. 3, 13, qui en revanche se trouve, après vérification, avoir dans le texte une forme très différente de celle sous laquelle il est cité par Spiegel.

2. Le terme prédicat a été introduit par M. Bergaigne. Il nous semble offrir des avantages sur celui ^'attribut qui, dans les terminologies étrangères et dans Vusage franr-ais même, représente des idées diverses.

de Saussure, Oeuvres. 18

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