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liquides sonantes des thèmes nominaux. — exceptions.

srákva a suivant Böhtlingk et Roth le sens général de bouche, gueule.[1] L’épenthèse de l’u dans le mot grec a des analogies sur lesquelles nous aurons l’occasion de revenir. Chez des auteurs post-homériques on trouve aussi λευκανίη.

ε-ὐλακα (lacon.) « charrue », α-ὖλακ-ς « sillon » répondent, d’après l’étymologie de M. Fick, au védique vŕ̥ka « charrue ».

Le lat. morbus est sans doute parent du skr. mŕ̥dh « objet hostile, ennemi », mais la différence des thèmes ne permet pas d’affirmer que l’or du mot latin soit sorti de .

ταρτημόριον· τὸ τριτημόριον Hes. Cf. skr. tr̥tī́ya.

Gr. πράσον = lat. porrum contient sans doute aussi le .

Si l’on fait abstraction des formations courantes, comme les substantifs grecs en -σι-ς, dans lesquelles la voyelle du présent devait inévitablement pénétrer peu à peu, les exceptions à la loi de correspondance énoncée en commençant sont peu nombreuses.

Les cas tels que γέλγις – gr̥ńǵana, merdamŕ̥d, ou περκνός – pŕ̥çni n’entrent pas en considération, vu que les thèmes ne sont pas identiques ; à côté de περκνός nous trouvons d’ailleurs πρακνός (Curt., Grdz. 275). – δειράς (dor. δηράς) « crête de montagne » a été rapproché de skr. dr̥šád « pierre », mais à tort, car δειράς ne saurait se séparer de δειρή.

L’identification de Φλέγυς avec bhŕ̥gu (Kuhn, herabk. des feuers) est séduisante, mais elle ne peut passer pour parfaitement sûre.

Au skr. kŕ̥mi répond presque sans aucun doute, et très régulièrement pour ce qui est du , le got. vaurms ; mais le gr. ἕλμις, le lat. vermis montrent e. La forme de ce mot a du reste une instabilité remarquable dans son consonantisme[2] aussi bien que dans la voyelle radicale : l’épel krimi est très fréquent en sanskrit, et λίμινθες· ἕλμινθες· Πάφιοι (Hes.) nous donne la forme correspondante du grec.

  1. Si l’on compare en outre les sens de sraktí, on reconnaît que tous ces mots contiennent l’idée de contour, d’angle ou d’anfractuosité. Ce mot d’anfractuosité lui-même s’y rattache probablement en ligne directe, car le latin an-fractus sort régulièrement de *am-sractus comme *cerefrum, cerebrum de ceres-rum. Cf. cependant Zeyß, K. Z. XVI 381 qui divise ainsi : anfr-actus. – Le grec ajoute à cette famille de mots : ῥακτοί· φάραγγες, πέτραι, χαράδραι et ῥάπται· φάραγγες, χαράδραι, γέφυραι. Hes.
  2. Le k remplacé par v, au lieu de kv ; le m remplacé par v dans le slave črĭvĭ ; la liquide variant entre l et r, et cela, même en deçà des limites du grec, ainsi que l’indique la glose: ῥόμος· σκώληξ ἐν ξύλοις.