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VARIÉTÉS DE NASALE SONANTE. , 261

ces formes se traduit encore dans d'autres idiomes que le grec, comme on le voit par le v.h'-all. ^anr?, parallèlement au got. ^Mn/w*, le lat. euntem et sons à côté de -iens et -sens. Ces trois exemples sont des participes de thèmes consonantiques. Il est facile de re- courir, pour les expliquer, à l'hypothèse de réactions d'analogie. Mais quelle probabilité ont-elles pour un mot qui signifie «dent», et dont l'anomalie se manifeste dans deux régions linguistiques différentes? Elles sont encore moins admissibles pour le lat. euntem et sons, les participes thématiques (tels que ferens) étant dépourvus de Vo (p. 185). Remarquons de plus que ôo"ioç est très probable- ment identique avec skr. safyà (Kern, K. Z. VIII 400).

Le groupe grec ev-, dans certains mots tout analogues, méri- terait aussi un sérieux examen. Ainsi dans èvTi, ëviaffcn, si ces formes sont pour *(J-evTi, *(T-evTa(y(Ti. C'est comme groupe initial surtout qu'il peut prendre de l'importance. Nous avons cité déjà èxTuç, en regard du got. aggvus ^, du skr. ahu. On a ensuite Iy* XeXuç^ = lat. anguilla (lit. ungurys); enfin âjUTTiç^ l'équivalent du latin apis^ dont la forme germanique, v. h* ail. bïa-, rappelle vive- ment d|iiqpuj == got. bai^ (p. 259). '

Dans la série des formes énumérées p. 258 seq. le propre des langues ariennes est de ne refléter le phonème initial en question que comme une sonante de l'espèce commune. Mais, ce qui est plus étrange, la même famille de langues nous montre encore ce phonème encastré dans un système morphologique pareil à celui de

��1. Cf. lYXOuaa, variante de àfxovoa.

2. De même qu'il y a échange entre ov et o (TpictKOVTa : eÏKom), de même e équivaut à tv dans ?xiÇ comparé i\ ^yX^^^ç. Le parallélisme de ce dernier mot avec anguilla semble compromettre le rapprochement de ô'q)iç avec ang-Ais et àhi (p. 259), et on se résoudra difficilement en effet à séparer èxK de ces formes. Mais peut-être une différence de ton, destinée à marquer celle des significations et plus tard effacée, est-elle la seule cause qui ait fait diverger êxiç et ôqpiç; ils seraient identiques dans le fond. Peut-être aussi doit-on partir d'un double prototype, l'un contenant gh^ (ôqpiç) et l'autre g\ (IxiÇ)- La trace s'en est conservée dans l'arménien (Hiibschmann, K. Z. XXIIi 36). Quoi qu'il en soit, le fait (jue l'e de ?x'Ç rentre dans la classe de voyelles qui nous occupe est évident par le grec même, puisque la nasale existe dans IfXe^uÇ- — L'e de ^Tepoç, en regard de dxepoç (dor.) et de ôcxTepov, n'est dû qu'à l'assimi- lation analogique telle qu'elle a agi dans les féminins en -Jf.aaa (p. 34).

3. Cette forme a probablement passé par le degré intermédiaire ûpis, ce qui ferait pendant aux évolutions qu'a parcourues en grec ôqpiç.

4. Cf. aussi ëvda = .skr. âdhai^i).

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