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TRAITEMENT DES GROUPES lin ET mm EN EUROPB. 257

Comme on aurait grand peine à retrouver les formations de ce genre dans d'autres langues d'Occident que le grec, nous nous bor- nerons à consigner quelques exemples paneuropéens remarquables, dont l'analyse morphologique est du reste douteuse. Il s'en trouve même un, tnn-û, qui vient certainement d'une racine anudatta {tan). A la rigueur on pourrait écarter cette anomalie en divisant le mot ainsi: tn -\- nû. Cependant il est plus naturel de penser que le suffixe est -m, que la forme organique devait effectivement produire tnû, seulement que le groupe -nn- naquit du désir d'éviter un groupe initial aussi dur que tn-.

Skr. tanû, gr. xavu-, lat. tennis, v. h*^-all. dunni. Skr. sama «quelqu'un», gr. d|Li6ç, got. suma- (cf. p. 90 i. n.). Got. giima, lat. homo, hemonem {hûmanus est énigmatique), lit. émû. Gr. Kà|Liapoç, norr. humara- (Fick).

[Il est probable que si. iena = got. qino est un autre thème que le gr. Pavd, Y^vri (p. 93). Ce dernier étant égal au skr. gnd (et non tgand*), paraît n'avoir changé n en nn que dans la période grecque. — Le mot signifiant «terre»: gr. xa|Liaî, \a.t. humus, s\. zemja, lit. ieme, skr. ksamâ, a contenu évidemment le groupe mm, mais il était rendu nécessaire par la double consonne qui précédait.] Les syllabes suffixales offrent : le skr. -tana (aussi -tna) = gr. -xavo dans èîT-rie-Tavô-ç, lat. -ti7io; skr. -tama = got. -tuma dans aftuma etc., lat. -tumo.

A la page 29 nous avons parlé des adjectifs numéraux comme skr. daçamâ = lat. decunms. Dans la langue mère on disait à coup sûr dayk^vpmà, et point da^k^amâ. Le got. -uma, l'accentuation, la formation elle-même {da^km-\-d) concourent à le faire supposer. Le grec a consers'é un seul des adjectifs en question: êpôoiaoç. M. Cur- tius a déjà conjecturé, afin d'expliquer l'adoucissement de itt en P&, que l'o qui suit ce groupe est anaptyctique. Sans doute on attendrait plutôt: «é'Pba)Lioç», mais l'anomalie est la même que pour eÏKOffi, biaKÔaioi et d'autres noms de nombre (§15). A Héraclée on a êp6e)ioç.

§ 15. Phénomènes spéciaux.

I.

Le groupe indien ra comme représentant d'un groupe faible, dont la composition est du reste diflBcile à déterminer.

de Saussure, Oeuvres. 17

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