Page:Saussure - Recueil des publications scientifiques 1922.djvu/249

Cette page n’a pas encore été corrigée

LES SONAÎiTES t, Û, f, Tl, ffl, NE VEUVEXT ÊTRE PRIMORDIALES. 239

intégrante de la racine. Si donc notre hypothèse est juste et si ksi-tid, lû-nd, -pûr-nà etc. viennent de racines toutes pareilles à gya^A, où il n'y a de changé que la place de Va^, il faudra que les deux types radicaux se rencontrent dans les formes où % tombe. C'est ce qui a lieu. Série de l'i:

gyâ (g^ya^A) «vieillir»: gya-sydti, gî-m. gyâ {g{ya^Ay- «triompher de»: gyâ-yas, gï-tà. pyâ «s'engraisser» : pyâ-yaii, pî-nd. çyâ «faire congeler»: çyd-yati, çï-nd et çl-td. La série de 1'?^ offre u-H «tissu» de va, vâsyati. Série de l'r:

krâ «blesser, tuer» dans Icrd-tha, d'où krâihayati^; forme faible: kîr-nà.

çrâ «cuire, mélanger»: T^rés. çrd-ti, çrd-tum, çïr-tâ, â-çïr^. La série de Vn offre gandti de gna: c'est là une formation qui permet de rétablir *gâtd == ^zfdd (cf. gâtdvedas'?) comme participe perdu de gnâ. Le présent gândti ne saurait être absolument primitif. La forme organique serait gandti pour é^ndti: cf. gindti de gya. L'in- troduction secondaire de Vn long est comparable à celle de Vï long dans prïndti (p. 227).

Ces exemples forment la minorité: la plupart des racines sanskrites qui finissent par -râ, -là, -na, -ma, apparaissent dépourvues de formes faibles*: trâtâ, prânà, glânâ, ml&tâ, ynâtà, mnâtâ, snâtâ, dhmàtâ etc. La raison n'en est pas difficile à trouver. Entre trdtuni et *tlrtâ, entre gnâtum et ^yàtâf dhmdtum et *dhântâ, la disparate était excessive, et l'unification inévitable. Ne

1. Cette dernière racine, comme l'a montré M. Hûbschmann, se retrouve dans le zd. zinât et l'anc. perse adhià (skr. aginât): elle a donc g^ et n'est ap- parentée ni au gr. pia ni au skr. (jâyati, ^igdya.

2. krathana est apparemment une formation savante tirée de la soi-disant racine krath.

3. Cf. aussi pur-va en regard de prâ-tdr.

4. M. J. Schmidt, qui dans un article du Journal de Kuhn, a attiré l'atten- tion sur cette particularité, en présente une explication purement phonétique, fondée essentiellement sur la supposition d'une métathèse. Mais notre principe même nous empêche de discuter son ingénieuse théorie, car elle répond en définitive à la question que voici : pourquoi est-ce qu'en sanskrit dhmâ ne fait point *dhmità quand sthâ fait sthitâ? Si l'on admet ce que nous avons cru pouvoir établir plus haut, cette question cesse d'en être une, et l'on ne peut plus demander que ceci: pourqtwi dhma ne fait-il pas dhântâ quand stha fait sthitâ? — En outre l'hypothèse *dhamtâ, *dhamatâ (comme primitif de dhmûtâ) est incompatible avec la loi d'expulsion proethnique de l'a. La métathèse, si elle existe en sans- krit, ne paraît admissible que pour un nombre d'exemples insignifiant.

�� �