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236 LES SONANTES Ù, f, n, m, DANS DIFFÉRENTES FORMATIONS.

Comparez: kar: kr-iyàte; dhar: dhr-iyâte; bhar: bhr-iyàte; mar: mr-iydte^.

Même divergence des racines en -ari et des racines en -ar de- vant le -yâ de l'optatif et du précatif: kir-yat, tîr-yât, pupûr-yas etc.; cf. kr-iyâma, sr-iyât, hr-iyât etc.

Série de ïn. Une confusion partielle s'est glissée entre les ra- cines en -an et les racines en -ani: khani, sani, donnent khâ-ydte ou khan-ydte, sâ-yâte ou san-ydte; à son tour tan fait tan-ydte et ta-ydte. Il ne saurait régner de doute sur ce qui est primitif dans chaque cas, dès qu'on considère que ^axxi forme invariablement gâ-yate et que man, han, n'admettent que mdn-yate, han-ydte. Le groupe an, dans hanydte etc., est le représentant régulier de n devant y (p. 34), — A l'optatif, gani fait gaga-ydt ou gagan-yât (Benfey, Vollst. Gramm. §801). ^

Série pe \'m: dami: âdm-yati; bhrami: bhrdm-yati; çami: çdm- yati; çrami: çrdni-yati etc.

Comparez: nam: nam-ydte; ram: ram-ydte.

Formes faibles des présents de la 2e et de la 3e classe.

Série de Vu: hâvï: hû-mdhe, gu-h,û-mdsi\ bravi: brû-mds, brû-té (3* sg. act. brdvî-ti).

Série de Vr: gari «louer»: gûr-ta (Z^Bg.moy.)', parî: pipur-mds, pipûr-thd etc. ; véd. pûrdhi. La forme védique pipr-tdm pourrait, vu le gr, m^itiM; être sortie d'une racine plus courte qui expliquerait du même coup le thème fort pipar-^.

Série de l'w: gani: gaga-thd, gagâ-tds. Il n'est pas facile, faute d'exemples décisifs, de dire si n, placé devant w et m devient â comme devant les consonnes ou an comme devant les voyelles. Le

��1. Apparemment kriyâte équivaut à kr-yâte: r et i ont échangé leurs rôles. M. J. Schmidt, qui traite de ces formes Vocal. II 244 seq., ramène kriyate à

  • kiryate (pour *karyate) et ne reconnaît pas de différence foncière entre ce type

et çlryâte. Tout ce que nous avons cru pouvoir établir plus haut nous défend d'accepter cette opinion. Dans les formes iraniennes que cite l'auteur, kiryêtê et mîryëitë (= kriyâte, mriyâté), îr n'est probablement qu'un ërè (= f) coloré par y. Ce qui correspond en zend au groupe indien tr, c'est généralement ai-e. Nous regrettons de ne pas être en état d'apprécier les arguments que M. Schmidt tire des dialectes populaires de l'Inde.

2. L'hypothèse de M. Kuhn qui fait de trte le moyen de (yarti parait si vraisemblable qu'on ose à peine la mettre en question. Et cependant, si l'on compare irmâ «rapide», irya «violent» et le gr. ôp- (ôpoo : irëva = KÔpon: çirsâ), ce présent fait tout l'effet d'être à ari ce que pûrdhl est à pari. L'ac- cent aurait subi un recul.

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