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230 DISPARITION ET EXTENSION DE l'Î..

tum, rodi-spâti, riidi-tvà, â-rodi-sam) possède encore le présent rôdi-ti, plur. rudi-màs. On connaît les autres exemples: âni-ti, cf. dni-la, atii-syâti; çvdsi-ti, cf. çvdsi-tum, çvasi-syâti; vdmi-ti (Pânini), cf. vdmi- tum, vami-syâti. Comment douter après cela, quand nous trouvons d'une part gani-tdr, gdni-trï, gdni-man, gani-tvî etc., de l'autre l'im- pératif gâni-sva et la 2* personne ga-gdni-si (Bopp, iTn (rrajmn., § 337).

— Westergaard ajoute pour le dialecte védique ganidhve, ganidhvam, ganise — , comment douter que ga-gam-si, ga-gmi-ti, ne soient hysté- rogènes? Chaque fois qu'un î apparaît dans quelque débris du pré- sent tel que aniï-si, çamï-sva, on constate que la racine montre l'î à l'infinitif et au futur^. Aussi nous n'hésitons pas un instant à dire que dans piparti de par?, dans éakarti de karî^ V? final de la racine a existé une fois, et que son absence n'est due qu'à une per- turbation dont nous ne pouvons encore nous rendre compte. Peut- être la ressemblance de *piparîti, *6akarîti, avec les intensifs est-elle ce qui a déterminé la modification.

Un autre fait qui ne doit point induire en erreur, c'est l'appa- rition fréquente de Vi en dehors de son domaine primitif.. Le nombre considérable des racines udâttas, l'oubli de la signification de 1'/, ex- pliquent amplement cette extension hystérogène. D'ailleurs elle est le plus souvent toute sporadique. La propagation systématique de Vi ne se constate, entre les formations importantes, que pour le futur en ~sya, qui a étendu cette voyelle à toutes les racines en -ar, et de plus aux racines han et gam. Devant les suffixes -tar, -tu et -tavya,

— les trois formations obéissent à cet égard aux mêmes règles (Benfey, Vollst. Gramm., § 917) — Vi, sauf des cas isolés, est en gé- néral primitif^. L'usage de l'aoriste en i-sam, malgré des empiéte- ments partiels considérables, coïncide dans les lignes principales avec Celui de l'infinitif en i-him (Benfey § 855 seq.). Parmi les exemples védiques (Delbruckl79 seq.) on en trouve peu qui ne viennent pas d'une racine en i^.

1. II y a une exception, c'est svâpiti svâptum.

2. Parmi les cas irréguliers on remarque les formes védiques sràvitave, srâvitavai, yâmitavaî. Inversement tarl-tum est accompagné de tar-tum pavitâr de potâr. La liste de ces variations ne serait jamais finie.

3. La forme agrahhléma offre un intérêt particulier. Dans son t long, évidemment le même que celui de gràbhî-tar, grbhl-tâ, est écrite toute l'histoire du soi-disant aoriste en -isam. L'existence distincte de cet aoriste à côté de l'aoriste en -s repose principalement sur l'innovation qui a fait diverger les deux paradigmes en transformant la 2e et la 3^ personne du dernier, àyais, (véd.) en â^aiëïs et â^aiëît. Ajoutons que cette innovation, comme le suppose M. Brug-

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