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EXPULSION DE L'a DANS LKS THÈMES-RACINKS. 189

que des neutres revêtus de la déclinaison du masculin. Il serait possible même qu'ils fussent nés séparément dans les différentes langues qui les possèdent, la flexion s'étant dirigée sur celle des composés (paroxytons) comme su-mdnas. La forme pleine de leur syllabe radicale est très suspecte pour des oxytons. Quant à hhiy-às et pu-tnâs, ils font régulièrement bhi-s-d (instr. véd.), pu-ms-é. Le seul exemple dont on ait à commenter la déclinaison, c'est donc l'indo-eur. ^iiscïs, et l'on peut croire en effet que les formes faibles comme ^ussaï parurent trop inintelligibles^ L'a fut donc retenu: ^usasAi, skr. usâse. Pour Va^ de îisdse en regard de Ya^ de usdsam V. p. 201.

Les thèmes-racines, simples ou formant le second terme d'un composé, se présentent sous deux formes tout à fait différentes.

Dans le premier cas la racine est privée de son a^ par une cause inconnue, mais évidemment indépendante de la flexion. Ces thèmes, auxquels nous faisions allusion à la page 174, ne rentrent donc point dans le sujet de ce paragraphe. Ayant perdu leur a avant la flexion, ils sont désormais à l'abri de toute modification^. Quand ils finissent par i, u, r, n, tp, ils s'adjoignent un t dont les longues ï, û, f, n, m (chap. VI) se passent. Exemples: skr. dvis, mfdh, niç (p. 166), açva-yûg, mî-t, hrû-f, su-kf-t, aranyagat (= -gm-t); bhî, bhu, gir (= gf), -gd (= gn); zend dnig] gr. cxXk-i, "A-(/')ib-, (JÙ- Ivf-, dvT-ripîb-, êTr-r|\uç, -vboç (métaplasme pour -udoç); ]a.t, ju-dic-, etc.l

Dans le second groupe de thèmes-racines l'affaiblissement ré- sulte de la flexion et n'embrasse donc que les cas faibles. Les noms dont il s'agit font pendant aux verbes de la 2® classe. Toutes les racines n'affectionnent pas ce genre de déclinaison. A peine si

��1. Le Rig-Véda a un génitif sing. (et accusatif pi.) usas. On le tire, avec raison probablement, d'un thème ué. Y supposer la continuation de la forme faible us-s- serait invraisemblable à cause du double s qui serait représenté par «.

2. Les déplacements d'accent restent naturellement les mêmes, du moins dans le mot simple. En composition, où ils sont censés avoir lieu également (Benfey, Gramm. p. 319), l'usage védique contredit à la règle. Toutefois vi-mrdh- às R. V. X 152, ^, témoigne bien que la règle n'a pas tort.

3. Tout renforcement nasal et toute perte de nasale étant choses étran- gères à l'indo-européen, ils est évident cjue la flexion du skr. ijû^ qui fait yûny aux cas forts ne peut pas être ancienne. Du reste, dans le Rig-Véda, la forme yun^- est extrêmement rare.

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