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188 EXPULSION DE l/a DANS LES THÈMES EN -OS.

il y a les accusatifs ioniens comme 'loûv, et l'on sait que M. Cur- tius en a inféré que le thème finissait par -oJ\. Mais les obser- vations que fait à ce sujet M. Windisch, Stud. II 229 montrent bien que cette explication n'a pas satisfait tout le monde. De

  • lo/iv à 'loOv le chemin n'est guère facile. De toute manière cette

forme en -ouv est énigmatique et a l'air d'un emprunt fait à d'au- tres déclinaisons, peut-être à celle de Poûç. L'hypothèse des thèmes en -o/i ne permet pas du reste, ainsi que le reconnaît M. Curtius^, d'expliquer l'uj du nom. Ar|Tiu. — On pourrait s'étonner que les thèmes grecs en -a^i soient employés si exclusivement à former des féminins. Toutefois il y a des traces du masculin dans les noms propres TTarpiu, Mr|Tpuj, 'Hpib (Curt., Erl. 54).

Il est probable que bon nombre de mots analogues sont à tout jamais cachés pour nous parce qu'ils ont revêtu la flexion courante des thèmes finissant par i et u. En voyant par exemple que dans le Rig-Véda dvi «mouton» fait au gén. dvyas et jamais àves, absolument comme on a en grec o\ôç (pour *ô/ioç) et non «oecuç», il est naturel de croire que la flexion première a été: nom. awa^i-s ou awâ^i, dat. awy-AÎ, ace. aivayi-m etc. Peut-être que le gén. got. balgis des masculins en i, au lieu d'être ainsi que le dat. halga emprunté aux thèmes en -a, offre un vestige de la flexion dont nous parlons: balgis serait pour *balgi^s.

L'immobilité de l'accent dans le paradigme sanskrit apds apàse, usés usdse, n'a pas grande importance. Il est possible, il est même fort probable que le ton y subissait primitivement les mêmes dé- placements que partout ailleurs. C'est la persistance anormale de l'a suffixal qui est remarquable. Jusqu'ici les syllabes prédésinen- tielles ne nous offraient rien de semblable.

M. Brugmann (K. Z. XXIV 14 seq.) donne pour ce fait de très bonnes raisons: le désir d'éviter des formes trop disparates dans la même déclinaison, puis l'influence analogique des cas faibles du pluriel où Va^ ne pouvait tomber (ainsi apaiS-bhis).

Cependant à quoi se réduit après tout la classe des oxytons en -as? Au nom de l'aurore, skr. uéds, aux mots indiens bhiy-âs «peur», pû-mas pour *pumàs (p. 205), et aux mots comme tavâs, yagâSf ipeubnç. Or ces derniers, M. Brugmann l'a établi, ne sont

1. Le savant professeur conjecture seulement que l'analogie des formes comme bafnujv aurait, dans de certaine.s limites, agi sur les mots en -uj. V. Erlàuterungen^ 55 i. n.

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