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172 TYPES TRINCIPAUX DES RACINES INDO-EUROPÉENNES.

de blinda- «aveugle», il faut qu'une confusion ait été occasionnée, à l'époque où la réduplication subsistait partout, par le parf. bebland du présent perdu '■'blinda. Cette forme s'associant à fefaip etc., était capable de produire Manda.

Les remarques qui précèdent ne s'appliquent pas aux racines où l'a est initial comme aidh, aiig, a^igh, arg, dont on ne saurait contester la haute antiquité. Mais ces racines n'en sont pas moins dues à des modifications secondaires. Comme nous essayons de l'établir au chap. VI, elles sont issues de racines contenant \'e. Par exemple le thème aus-os «aurore» et toute la racine ans procèdent de la racine wes, angh procède de negh etc.

��On ne trouve pas de racines terminées vocaliquement et dont le vocalisme consisterait uniquement dans a^, comme serait «s/a^» ou «■pa^'». A la rigueur les présents sanskrits comme ti-stha-ti, pi-ba-ti, pour- raient passer pour contenir de telles racines. Il faudrait attribuer à ces formes une antiquité énorme, car ce serait y voir la base, in- saisissable partout ailleurs, de racines comme sfa^-^, pa^-Q (gr. aiôt, TTUJ; skr. sthâ-târ, pâ-tdr). Mais il est bien plus admissible de dire tout simplement que ces formes sont dues à l'analogie des verbes thématiques, et que ï-(TTôi-Ti est plus vieux que tî-stha-ti.

Appelons Z tout phonème autre que a^ et a^. On pourra poser cette loi^: chaque racine contient le groupe % H- Z.

Seconde loi : sauf des cas isolés, si aj est suivi de deux élé- ments, le premier est toujours une sonante, le second toujours une consonne.

Exception. Les sonantes a et (? peuvent être suivies d'une se- conde sonante.

Pour donner des formules aux différents types de racines que permettent ces deux lois, appelons S les sonantes i, u, n, m, r(l), A, o, et désignons par C les consonnes par opposition à sonantes. Comme ce qui vient après a^ forme la partie la plus caractéristique de la racine, il est permis de négliger les différentes combinaisons aux- quelles les phonèmes qui précèdent a^ donneraient lieu. Ainsi a^i, ka^i, ska^i, rentreront pour nous dans le même type, et il suffira

��1, H faut avertir le lecteur que nous restituons «, par hypothèse à certaines racines telles que pu «pourrir» qui ne le montrent plus nulle part et que nous considérons de plus près au chap. VI.

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