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152 LES PRÉSENTS DU TYPE àfU).

Tout parle donc pour que |aàxo|Liai soit un présent exactement semblable à XiTO|aai. Depuis quelle époque ces thèmes faibles se trouvent-ils au présent? C'est là en définitive une question secondaire. Si l'on admet dans la langue mère une 6^ classe des présents, \ÎTO|aai, |aàxo|nai, pourraient être fort anciens et n'avoir fait qu'abandonner leur accentuation première. Nous croyons cependant, comme nous y faisions allusion plus haut, que dans la première phase du grec, tous les anciens oxytons, quel qu'ait été l'état de choses primitif, ont dû passer d'abord par l'aoriste, que par conséquent les présents du type XiT0|aai sont en tous cas de seconde génération. F^es cas comme celui de èX(u)9eîv qui a mieux aimé rester dépourvu de présent que de changer d'accentuation recommandent cette manière de voir. Mais en même temps il est probable que dès une époque plus ancienne que la langue grecque certains thèmes du type |Liaxe- {âge- par exemple), cessant d'être oxytons, s'étaient ralliés aux présents comme hhére-.

Passons aux verbes latins. Pour deux d'entre eux, tago et pago, M. Curtius a victorieusement étîibli qu'ils ne sont rien autre chose que d'anciens aoristes. Voy. notamment Stud. V, p. 434. Il est vrai que ce sont les seuls exemples qui soient accompagnés d'une seconde formation {tango, pango). Mais sur ce précédent nous pouvons avec quelque sécurité juger cado, scato, cano, loquor; ce dernier du reste est en grec XaKeîv, non «XétKeiv». Il reste seulement ago, scaho et alo qui, ayant leur pendant dans les idiomes congénères, paraissent appartenir au présent depuis plus longtemps.

En abordant le germanique, la question de savoir si l'indo- européen a eu des présents de la 6* formation prend plus d'impor-

��fait se résume donc à ceci: au temps où l'aoriste était pur de formes fortes, où il ne contenait que des formes faibles ou des formes dont on ne sait rien, les différentes espèces de thèmes dont il s'agit se répartissaient de la manière suivante entre l'aoriste et le présent:

Pi'ésent TiéTe Xîxe ndxe Aoriste — biKe 90^6

Pour que les thèmes du type i^axe- pussent comme ceux du type \\Te- et à l’encontre de ceux du type Trexe- se fléchir comme oxytons (soit à l'aoriste), ils devaient être des thèmes faibles.

Du reste nous ne demanderions pas mieux que de donner pour un instant droit de cité aux aoristes isolés contenant €, et de faire le simulacre de la contre-épreuve. On n'en trouverait qu'un seul: éXeîv (eûpeîv = /eup-eîv), en revanche le présent est peuplé littéralement de ces formes. Mais cette confron- tation, qui a l'air très concluante, n'aurait à notre point de vue qu'une valeur relative.

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