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LES PRÉSENTS DU TYPE âyUU. 151

A cela s'ajoutent les considérations suivantes.

L'indo-européen a eu évidemment deux espèces de thèmes ver- baux en -a: les premiers possédant la racine pleine et paroxytons, les seconds réduisant la racine et oxytons. Rien ne permet de sup- poser que l'un des deux caractères pût exister dans un même thème sans l'autre.

En sanskrit et en zend, les oxytons de la langue mère donnent des aoristes et des présents (6* classe). En grec il n'y a point de présents oxytons, et un thème ne peut être oxytoh qu'à la condition d'être aoriste. Nous devons donc nous attendre, sans décider d'ailleurs si la 6® classe est primitive ou non, à ce que les thèmes faibles, lors même qu'ils ne seraient pas attachés à un second thème ser- vant de présent, aient une certaine tendance à se fléchir à l'aoriste. Et les thèmes du type Xme-, où nous pouvons contrôler l'affaiblisse- ment de la racine, vérifient entièrement cette prévision. A côté des présents yXôcpeiv, KXûeiv, XiTccTôai, (TTi'xeiv S tukêiv (fies.), ils donnent les aoristes biKeîv, èX(u)deîv, ^UKeîv, axuTeîv, Ppaxeîv (= ^rxe\v).

De ce qui précède il ressort que les différents présents grecs, pour être vus sous leur vrai jour, doivent être jugés conjointement aux aoristes isolés de même forme radicale, lorsque ces aoristes existent.

Or pour le type |Liaxe ils existent. A côté des présents âyeiv, d'xeaôai, pXdpeff^ai, Y^d'peiv, Tpa^pciv, iiiàxecrôai, ôôecxdai, on a les aoristes isolés juaKeîv, raqpeîv «être étonné», (pafeîv, (pXabeîv «se déchirer». Et si cette propension à se fléchir à l'aoriste était chez le type Xiie un signe de l'affaiblissement radical, n'avons-nous pas le droit de tirer la même conclusion pour le type inaxe?^

��1. 0t{xouoi donné par Hésychius a été restitué dans le texte de Sophocle, Antigène v. 1129. — Le nombre des présents de cette espèce est difficile à dé- terminer, certains d'entre eux étant très rares, comme Xî^ei, Xîpujv pour Xeîpei, d'autres, comme yXîxoMciI; tue plusieurs ramènent à *T\i0KO|iai, étant de struc- ture peu claire, d'autres encore comme Xùu) devant être écartés à cause de I'm long du sanskrit.

2. Pour saisir dans son principe le fait employé ici comme argument, il faut en réalité une analyse un peu plus minutieuse.

Tout d'abord, il semble qu'on doive faire une contre-épreuve, voir si les thèmes contenant e ne se trouvent pas dans le même cas que ceux contenant a. Cette contre-épreuve est impossible a priori, vu qu'un thème contenant € est fort, et qu'un aoriste fort ne peut qu'être hystérogène. L'aoriste régulier des racines contenant e a toujours la forme itt-€.

En revanche le soupçon d'une origine récente ne saurait atteindre les ao- ristes tels que qpateîv, vu leur ressemblance avec le type Xadcîv de Xi'idu). Le

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