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FORME VÉRITABLE DE CERTAINES RACINES GRECQUES. 14$

II. Racines qu'il faut écarter. 1. A la page 97 nous avons ramené Xa^xâvu) à une racine Xefx- t)n s'explique facilement la formation de e'îXrixa à côté de l'ancien X^Xotxo par le parallélisme de Xa^xcivuj, ëXaxov (= Xnxvu), Anxov) avec XauPdvuj ëXapov (= XApvuu ^XaPov). 2. xavbdviu pour xabviu {= xy^vuu) vient de X€vb, comme le prouve le fut. xeioojuai. Le parfait n'est pas si bien conservé que pour Xcyx: il s'est dirigé sur le présent et fait Kéxavba au lieu de *Kéxovba. — Les formes grecques se rattachant à bdKvuj conduiraient à une racine bâK; mais les formes indiennes sont nasalisées. Or nous ne pouvons pas admettre de racine dAnk (v. p. 170). Il faut donc supposer que la racine est damk. Alors bdKvuj, IbaKov, sont pour bn kvuj ébnKOv, et toutes les autres formes grecques^ comme br)Ho|uai, bf|Y|na, sont engendrées par voie d'analogie. Mais par là même on est autorisé à s'en servir, en les faisant dériver d'une racine fictive bâK. L'a du v. ht-all. zanga, d'après ce qui précède, est uu a^, non un a.

III. Il y a des couples de racines dont l'une a n ou m, l'autre a pour coefficient sonantique, ex.: g^dim çXg^a^A «venir». Les seules qui nous intéressent ici sont celles du type B (p. 9). 1. Le grec possède à la fois neve, prouvé par lievOfipai, et \xâQ, prouvé par éTn-|Liâdi'|ç. Les formes faibles comme |uia&eîv, jLiavOdvuj ('iLiadvu)) peuvent, vu le vocalisme grec, se rapporter aux deux racines, 2. peve (P^vdoç) et PâG (Pfioaa); Padûç peut appartenir à pevG aussi bien qu'à PûG (v. p. 24). .3. irevG et irâG (cf. p. 58). Quoique les formes irriaoïnai = -rreiaouai et irriaaç = iraOubv ne reposent que sur de fausses leçons, l'existence de irôG est probable pour deux raisons; 1" irev-G suivant l'opinion très vraisemblable de M. Curtius, est une amplification de irev. Or, à côté de irev, nous avons un. ou ira dans Trfi-ina'. 2** Si les a de irdaxiu, -rra&eîv etc. peuvent s'expliquer par une rac. irev-G, en revanche l'rt du lat. pat-ior suppose nécessairement une base pà et non pen^.

IV. Parmi les racines mal déterminées dont nous parlions à la p. 56,. celle de TrriYvum n'est peut-être pas un cas désespéré. Il n'est pas trop hardi de s'affranchir de la nasale du parfait gotique *fefanh {faifâh) et de la rapporter comme celle du lat. panxi (cf. pepigi) à la formation du présent que présente le grec urifvuiuii. Ainsi nous posons la racine pÂg (ou p2k). En outre, pour ce qui regarde le grec, nous disons qu'il n'y a pas eu infection de la racine par la nasale du suffixe, que irfîEai par exemple n'est pas pour «iroYSai». Ceci revient à contester que tttiyvuihi soit pour *'n:aYvu|Lii, *TrûYTvum, comme le veut M. J. Schmidt (Voc. I 145). Voici les raisons à faire valoir: 1" Bien que la règle doive faire en effet attendre *'iTdYvu|ii, les cas comme beiKvum, JleÛYvum,

��1. Pour le fait de l'amplification cf. |i€v-d et |Jâ-d qui viennent de men et ma (nnTiç), pevô et pâ& qui viennent de g^em et g^à etc. Curtius, Grdz. 65 seq. Dans plusieurs cas l'addition du déterminatif date de la langue mère; ainsi Pev-d, Pâ-ô, pa-qp (pdiiTiu), ont des corrélatifs dans le skr. çam-bh, gâdh, gâ-h. D'autres fois elle n'a eu lieu évidemment que fort tard comme dans le gr. bap-9 «dormir» ou dans itev-d. Ces derniers cas, considérés au point de vue de l'histoire de la langue, ne laissent pas que d'être embarrassants. On ne voit guère par où l'addition du nouvel élément a pu commencer.

2. Nous nous en tenons à l'ancienne étymologie de iraOeîv. Dans tous les cas celle de Grassmann et de M. J. Schmidt ne nous semble admissible qu'à la condition d'identifier bâdh non à ircvô, mais à ti&b.

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