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ÉTAT RÉDUIT DES RACINES EN à. — J'ARFAIT. 139

Ici le paradigme indien n'a point perdu les formes réduites : gd-hâ-mi, gd-hâsi, gd-hâti; pluriel ga-hi-mds etc.; duel ga-hï-vds. Au moyen on a, de l'autre racine hâ (s'en aller), gi-hi-se, gi-hite, gi-hi- mahe etc. Ainsi se fléchissent encore ma «mesurer» et dans leVéda les racines çà «aiguiser», çâ «donner», râ (rirïhi) id. La rac. gâ «aller» conserve partout la forme pleine, uniformité qui, d'après tout- ce que nous pouvons observer, doit être hystérogène. C'est ainsi que dans le dialecte védique hâ «abandonner» a perdu lui-même la forme faible. — Sur dadînds et dadhmds, v. p. 167.

Parfait, h'au du sanskrit dadhaû (3® pers. sing.) nous semble fournir un nouvel indice de la variété primitive des a ariens. Si l'on met en regard dadhaû et é'uj[-Ke], âçvau et '(ttttuj (dvaû et bvuj, nau et vdb), astati et ôktuj, on se persuadera qu'il y a une espèce d a qui en sanskrit se change en*au à la fin du mot, et que cette espèce d'à résulte d'une combinaison où se trouvait ag. Les formes védiques qui sont écrites par â comme paprâ, àçvd, indiquent sim- plement une prononciation moins marquée dans le sens de Van (peut- être à"). Partout ailleurs qu'à la fin du mot la voyelle en question est devenue a: dvàdaça en regard de dvaû, dadhàtha en regard de dadhaû. Dans uksà, hâta, sdkha (v. § 12) la non apparition à' au peut s'expliquer 1° par le fait que n, r, i, ont persisté, très probablement, à la suite de l'a jusqu'à une époque relativement peu reculée — on a même prétendu trouver dans le Véda des traces de Vn et de Vr — , 1^ par la considération que Va de ces formes est un a^ allongé et non une cotnbinaison de a^. — Pour les premières personnes du sub- jonctif telles que dy-a (= gr. eï-uj, v. p. 119), la seconde des deux raisons précitées serait peut-être valable. Du reste ces formes ne sont connues que dans un nombre restreint d'exemples védiques et il se pourrait que l'a y fût de même nature que dans paprd, âçvâ.

Déterminer les formes primitives est du reste une tâche malaisée. L'hypothèse que la désinence de la 1® personne du parfait actif est -m (v. p. 69, 40) repose sur une invraisemblance: il faut admettre, nous l'avons vu, que deux personnes distinguées l'une de l'autre par leur forme, le germ.*vaitun et vait, se sont réunies par analogie dans une seule. Si incompréhensible que soit ce phénomène, la nasale est indispensable pour expliquer les formes vaivo, saiso, dont nous nous occupons. Sans elle le gotique ferait *vaiva, *saisa, et ce sont en effet ces formes qu'il faut rétablir pour la 3* personne. L'identité de la l** et de la 3® pers. consacrée dans les autres prétérits amena une réaction qui cette fois tit triompher la première. En sanskrit

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