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parenthèse: racines finissant par e. 135

a en grec et en germanique: ê en latin et en letto-slave. Gr. l-tpdû-v, q)dd-ao|Liai; v. h^-all, spuon: lat. spes, si. spè-jq.

â en gréco-italique et en letto-slave: ê en germanique. Lat. stâ-men; gr. ï-0"T!X-|ai; si. stati: v. h*-all. stê-ni, sta-m (mais aussi stoma, -ins, en gotique).

Lat. ta-bes; si. ta-jq: anglo-saxon ^â-van (= *pë-jan). A rinté'ieur du mot: gr. jli^kujv, si. makii: v. h^-all. wâg^o.

ê en grec et en letto-slave: â en germanique, etc. Gr. Ti-d)"i-|Lii, si. déti: v. h*-all. tuo-m (mais aussi tâ-t). Gr. MH-Tiç: got. mo-da-.

Lat. cêra; gr. Kripôç: lit. Tcôris (F. 1^523). Il faut mentionner encore le v. h*-all. int-chnâan en regard du gréco- it. gnô et du si. zna- («connaître»).

Entre le grec et le latin la même instabilité de Va long s'ob- serve dans plusieurs cas:

Gr. ôpâ-voç, lat. frê-tus, frê-num. Gr. pâ-|iev, lat. bê-t-ere. Dans l'intérieur de la racine: gr. r\}xi, lat. âjo; gr. i^juai, lat. anus (Grdz. 381). A Vy\ panhellène des noms de nombre TrevTrjKOVia, éErjKOVTa (Schrader, Stud. X292), est opposé en latin un a: quinquâginta, sexâginta.

Les cas que nous venons de voir amènent à cette conclusion, qu'il est quasi impossible de tirer une limite fixe entre l'a et Yé européens. Dès une époque reculée la répartition des deux voyelles était accomplie très certainement pour un nombre de cas détermine, et ce sont ces cas qu'on a en vue quand on parle de l'ê, de l'a européen. Mais, je le répète, rien n'indique entre ê et h une différence foncière et primordiale. — Qu'on se rappelle maintenant les faits relatifs à la forme réduite des racines en ë, le participe latin sa-fus de se etc., qu'on pèse aussi les considérations théoriques développées en commençant, et l'on ne sera pas éloigné peut-être d'admettre la supposition suivante: les éléments de l'ë seraient les mentes que ceux de l'a, lexir formule commune étant a^ -j- a.

Nous ne sommes pas en état de donner les règles suivant les- quelles la soudure des deux phonèmes a engendré tantôt ê tantôt a. Nous faisons seulement remarquer qu'une telle hypothèse ne lèse point le principe de phonétique en vertu duquel le même son, placé dans les mêmes conditions, ne peut donner dans un même dialecte deux produits différents. Il s'agit en effet de voyelles consécutives (aj-f^) qui ont subi une contraction. Qui voudrait nier que bien

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