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AGE DU PHONÈME O. 107

moyen de contrôle relativement à l'ancienneté du phonème en question. Si l'on admet que g est ancien, l'a des langues du nord contient, non plus deux voyelles seulement («g + ^)i mais trois: <*2 "4" ^ "4" 9- Si au contraire on y voit un produit secondaire du gréco-italique, le seul phonème dont il puisse être issu, c'est a. — J'ai hésité bien longtemps, je l'avoue, entre les deux possibilités; de là vient qu'au commencement de ce mémoire (p. 6) o n'est pas compté au nombre des a primitifs. Le fait qui me semblait mi- liter en faveur de la seconde hypothèse, c'est que l'arménien, qui distingue de a le phonème «g» "® parait point en distinguer le phonème o (p. 91). Mais nous ne savons pas s'il en a été ainsi de tout temps, et d'autre part la supposition d'un scindement est tou- jours entourée de grosses difficultés. Ce qui paraît décisif, c'est le fait frappant que presque tous les thèmes nominaux détachés qui contiennent la voyelle o se trouvent être de très vieux mots, connus dans les langues les plus diverses, et de plus des thèmes en -i, voire même des thèmes en -i de flexion toute particulière. Cette coïncidence ne peut pas être due au hasard ; elle nous indique que le phonème q s'était fixé là de vieille date, et dès lors il sera diflScile de lui refuser ses lettres de noblesse indo-européene.

Les cas qui pourraient servir de base à l'hypothèse où o serait une simple altération gréco-italique de a, sont onko venant de ank, déjà mentionné p. 98, oi-no «un» à côté de ai-ko aequus, la rac. ok, d'où le thème okri, à côté de ak, socius — ôîràujv comparé à sak dans sacer, et le lat. scobs de scabo. On pourrait attacher une certaine importance au fait que okri et soki (socius), à côté de ak et sak, se trouvent être deux thèmes en -i (v. ci-dessus). Mais cela est trop problématique, et l'étymologie donnée de soki n'est qu'une conjecture. Pour irpôpaTOV de puu v. le registre.

Beaucoup plus remarquable est le cas de ouç «oreille». L'homérique îrapriïov nous apprend que, en dehors de toutes les questions de dialecte qu'on pourrait élever au sujet de l'éol. Trapaùa ou de davda* eîboç èvuuTiou, l'o de oOç a comme équivalent, d3,n8 certaines formes, un a. Ce qui donne à la chose un certain poids, c'est que ouç appartient à cette catégorie de thèmes de flexion singulière qui est le siège le plus habituel du phonème o et dont nous aurons à reparler. On aurait donc un ?, assuré comme tel, accompagné de a. Malheureusement le lat. auris est embarrassant: son au peut à la rigueur venir de ou, mais il pourrait aussi être la diphtongue primordiale.

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