Page:Saussure - Recueil des publications scientifiques 1922.djvu/107

Cette page n’a pas encore été corrigée

Y A-T.-IL UN ablaut a •.o'i 97

3. Une question digne en tous cas d'attention est celle-ci: l'ablaut a^ : ag ou e : o (étudié au § 7) se reproduit-il dans la sphère de A? Doit-on croire par exemple que l'eocisfence du grec ôyinoç en regard de dYUJ est due à un phénomène de même nature que celle de q)XoT|aôç e7i regard de (pKtfvJ?

Le gréco-italique seul peut donner la réponse. En effet ce n'est pas des langues du nord qui ont confondu a avec a^ qu'on pourrait attendre la conservation de ce substitut de a dont nous parlons, et les langues ariennes nous renseignent encore bien moins. Or dans le gréco-italique même les données sont d'une pauvreté qui contraste avec l'importance qu'il y aurait à être fixé sur ce point. Ici se présentent en première ligne les parfaits KéKOva de Kaiviu et \é\0YX« de XaYxâvuu avec les substantifs kovy\ et Xôyxh (Hes.). Ces formes ne décident rien, parce que la racine contient une nasale. C'est ce que fait toucher au doigt un troisième exemple: PoXn en regard de pdXXuu. La racine de pdXXuj est peX: cela est prouvé par péXoç, péXejuvov, peXôvr), PeXrôç, eKarri-peXérriç. Ainsi l'a de pdXXtu est dû à une liquide sonante et n'a nullement qualité de voyelle radicale. Or qui nous dit que les racines de KéKOva, XéXoYXa, ne sont pas Kev et Xcyx? Si d'aventure les deux ou trois formes où survit la racine peX ne nous étaient pas parvenues, le mot PoXri semblerait venir d'une racine PaX, et cependant nous savons qu'il n'en est rien^. C'est le même échange apparent que celui que nous savons rencontré plus haut, seulement celui-ci joue l'ablaut avec un certain semblant de vérité. Il se trouve encore dans les couples crirapYduu: anopfai (Hes.), dcTxaXdiu : (TxoXri, iTTaipuj : iTTÔpiiioç et TTTÔpoç (ces mots du reste sont éoliques), dpxoi : ôpxa|Lioç, pdTTTUU : poincpeuç.

Mais voici des cas plus graves, parce que dans la racine dont on les fait venir la présence réelle de a n'est pas douteuse: ôy|lioç «sillon, rangée» qu'on rattache à d'YUJ; KÔirpoç «fumier», mais aussi «boue», qui serait parent de Kairùuj {Grdz. 141); (Joq)ôç en regard de aaq)riç; ôZioç Aprioç, doZoç, qui rappellent dZ;o|Liar, ôXpoç, rac.

L -

1. Le iréiTooxa de Syracuse (Curtius l. c.) ne prouve pas davantage V ablaut en question: 1" parce que cette formation est toute secondaire, 2" parce que Vo peut n'être qu'une variante dialectale de l'a. — Un présent Koivuj pour Knyxu venant de kcv est une forme claire; quant à XaYXCtvuu, sa première nasale n'est point, comme l'est celle de XéXoYxa» la nasale radicale de X€yx: de Xcyx on forme régulièrement *Xmxvuj lequel devient d'abord *Xaxvuj, puis par épenthèse

  • XaYXvu^, XaYxôvuj. V. le mot au registre.

de Saussure, Oeuvres. 7

�� �