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OBSCURCISSEMENT d'o EN' U. 93

Vo s'est trouvé mêlé et de rechercher les rapports possibles de cette voyelle avec a.

Obscurcissement de la voyelle o en m.

Après avoir traité de la substitution de u à o propre au dia- lecte éolique, Ahrens ajoute (184): in plurimis [exemplis, o] in- tegrum manet, ut ubicunque ex e natum est, bô|Lioç, Xôtoç (nam ôtYupiç ab ttYep, Sûavov a Eém, cf. HOuj, diversam rationem habent) etc. La désignation o ex e naium répondrait assez bien à ce (^ue nous appelons Og, et il serait curieux que l'éolique fît une diffé- rence entre o^ et o. Mais en y regardant de plus près, l'espoir de trouver là un précieux critère est déçu: sans parler de Hùavov où il est invraisembable de voir un mot dififérent de Eôavov, Vo{=02) des suffixes subit la transformation p. ex. dans tùte, dans dWu {arcad.), dans xéKTUveç, dans l'homérique èîTaffCTÙTepoi. Dès qu'on considère que l'u en question suppose un ancien w, on reconnaît avec M. Curtius (Grdz. 704) que l'obscurcissement éolique de Vo a exactement le même caractère que dans l'italique, dont ce dialecte grec partage d'ailleurs les principales allures phonétiques. Ainsi que l'éolique, le latin maintient le plus souvent 0.2, quand cette voyelle se trouve dans la syllabe radicale: toga, domus etc., et néanmoins on ne pourrait poser de règle absolue.^

Au contraire l'u panhellène, dans des mots comme Xùkoç ou Trù\r|, est, si nous ne nous trompons, une apparition d'un ordre différent. Tout d'abord les groupes up, uX, ne semblent pas être jamais sortis de groupes plus anciens op, oX, à voyelle pleine : ils sont assimilables de tout point aux affaiblissements indiens wr, ul; nous n'avons donc pas à les envisager ici. Dans les autres cas, l'u (m) vient d'une consonne d'organe labial qui a déteint sur une voyelle m-ationnelle ou bien sur une liquide nasale ou sonanfe. Ainsi dans àvujvu)Hoç, il n'y a pas eu transformation de l'o d'ôvo)iia en w: le phénomène re- monte à une époque où, à la place de cet 0, n'existait qu'un pho- nème indéterminé. C'est ce dernier que |i put colorer en u. De même ^vvr\ est pour yfnvr\, non pour ■xfavx]. En comparant lidcTTaH et laaTÙar Tvdôoi (cf. )ad&uiai) au got. munpa-, au lat. men- tum, nous expliquerons le dor. ^ûcTTaH par la forme ancienne

��1. Comme dans le latin -tûnis = *-tôrus, uj peut devenir û. Hésychius donne les formes ^djôuveç = ^ûidiuveç et ôûpaE = ôiûpaS, sans en indiquer, il est vrai, la provenance.

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