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LIV. I. SATIRE VII.

Comme on vit autrefois Glaucus et Diomède,
Des présens sont offerts, et le moins brave cède.
Brutus à sa défense appelant les romains,
Tenait l’Asie encor tout entière en ses mains,
Quand nos deux champions, se prodiguant l’insulte,
Devant son tribunal arrivent en tumulte.
Tels dans le cirque, aux yeux des romains assemblés,
Deux fiers gladiateurs se montrent accouplés.
Protogène d’abord expose son affaire ;
Et chacun de siffler ; mais rien ne le fait taire.
Il poursuit, se répand, dans un style verbeux,
Sur Brutus et sa suite en éloges pompeux.
Brutus est l’ornement, le soleil de l’Asie ;
Et de ses compagnons la cohorte choisie,
Ce sont des feux sacrés, des astres bienfaisans.
Pour le Roi qu’il excepte en termes offensans,
C’est ce chien ennemi que le peuple déteste,
Cette étoile aux moissons, aux laboureurs funeste ;
Et semblable aux torrens du Rhodope élancés,
L’injure de sa bouche échappe à flots pressés.
Plus furieux alors et plus opiniâtre,
Tel que le vendangeur grossier, acariâtre,
Qui répond au passant dont il est insulté,
Le prénestin riposte avec vivacité,
Et dans l’emportement de son aveugle haine,
D’un déluge de fiel inonde Protogène.
Le grec, à cet excès d’outrages odieux :
Toi qui punis les rois, Brutus, au nom des dieux,
En frappant celui-ci, punis encore un traître.
C’est à de tels exploits qu’on doit te reconnaître.