Page:Satires d'Horace et de Perse.djvu/49

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dans un lit étranger Trébonius surpris,
À jamais, disait-il, s’est couvert de mépris.
Les sages mieux instruits de l’essence des choses,
Et du bien et du mal t’expliqueront les causes ;
Pour moi, si des vertus de nos simples aïeux
Je nourris en ton sein le germe précieux,
Si je puis, à cet âge où la raison timide
Sent encor le besoin d’une main qui la guide,
Te conserver sans tache et la vie et l’honneur,
Ainsi que mon devoir, j’aurai fait ton bonheur.
Plus tard, quand tu seras et plus fort et plus sage, '
Sans liège, j’y consens, fends le Tibre à la nage.
C’est ainsi que du vice il savait m’écarter.
À faire une action voulait-il m’exciter ?
Regarde Messala, ce juge irréprochable !
Ô mon fils ! c’est ainsi qu’on se rend estimable.
Voulait-il m’empêcher d’accomplir un projet ?
Que cela fût honnête ou dans ton intérêt,
Pourrais-tu l’espérer, quand tu vois de quel style,
De tel ou tel jeune homme on parle dans la ville ?
Ainsi que le trépas d’un malade gourmand
Avertit son voisin de vivre sobrement,
Les défauts qu’on nous fait remarquer chez les autres,
Dans un âge imprudent nous guérissent des nôtres.
Voilà par quels moyens j’ai su garder mon cœur
De ces vices honteux qui font notre malheur.
Il m’en reste sans doute et beaucoup trop encore ;
Mais, de ceux que j’avoue, aucun ne déshonore ;
Aucun n’est sans excuse ; et l’amitié, le temps,
La raison dont l’empire augmente avec les ans,