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LIV. I. SATIRE IV.

SATIRE IV.


Eupolis, Cratinus et tous ces vieux auteurs
Du drame satirique immortels inventeurs,
S’ils trouvaient un fripon, un brigand, un parjure,
L’accablaient hardiment des traits de leur censure.
Lucile à leur exemple attaquant les pervers,
Ne changea que le nombre et le rythme des vers ;
C’était un esprit fin, délicat et facile,
Mais diffus, et parfois un peu dur dans son style.
Car il eut ce défaut ; jeter un vers brillant,
Sans gêne, sans effort, c’était là son talent,
Et debout sur un pied, dictant, à perdre haleine,
Deux cents vers en une heure échappaient de sa veine.
Aussi, rien de moins pur que ce fougueux torrent
Qui d’un gravier fangeux se chargeait en courant.
Il s’y mêlait de l’or ; mais libre en son caprice,
Sa muse du travail se faisait un supplice ;
Écrire lui pesait : je dis, écrire bien ;
Car en pareil métier beaucoup faire n’est rien.