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LIV. I SATIRE III

Et ce fier Alfénus, autrefois savetier,
Ne connait-il plus rien à son premier métier,
Pour avoir, sous la pourpre, en quittant sa boutique,
De l’art qu’il exerça dédaigné la pratique ?
Non. Eh bien, c’est ainsi que, trouvant tout en soi,
Le sage a tous les dons, est cordonnier, est roi.
Soit ; mais d’enfans légers une folle cohue
Vous tire par Ia barbe et vous pousse et vous hue ;
Et si de ces marmots pressé de tous côtés, ·
Le bâton à la main, vous ne les écartez,
Vous, le plus grand des rois, le dépit vous domine,
Et vos fureurs, vos cris vous brisent la poitrine.
Enfin, quand vous allez vous baigner pour un as,
Qu’à peine Crispinus accompagne vos pas,
Moi, de tendres amis me suivent, m’environnent ;
L’indulgence adoucit les conseils qu’ils me donnent ;
Je leur rends la pareille, et trouve, en vérité,
Mon sort obscur plus doux que votre royauté.