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SATIRE V.

Quelle gloire ! mais vous, homme faible et crédule,
Vous subissez encore un joug plus ridicule ;
C’est la fête d’Hérode, et lorsque de ce jour
De solennels apprêts annoncent le retour ;
Lorsque de toutes parts la ville illuminée
Voit de feux et de fleurs chaque fenêtre ornée ;
Que la vapeur s’élève en un nuage obscur ;
Que dans les flacons blancs déjà coule un vin pur ;
Et que, sur un plat rouge, aux yeux de l’assemblée,
D’un énorme turbot la queue est étalée,
Vous remuez la lèvre, et, frappé de stupeur,
Du peuple circoncis le sabbat vous fait peur.
Tantôt un spectre noir glace votre courage ;
Tantôt d’un œuf cassé vous craignez le présage ;
Ou, le sistre à la main, avec des yeux hagards,
La prêtresse d’Isis, s’offrant à vos regards,
Vous tremblez que soudain quelque pouvoir magique,
Vengeur des immortels, ne vous rende hydropique,
Si vous n’avez trois fois, ainsi qu’il est prescrit,
Mordu dans un ognon, en quittant votre lit.
Ces discours, dans un camp n’allons pas les redire,
Car, à cette doctrine éclatant d’un gros rire,
Le lourd Vulfénius, en nous traitant de fous,
S’écriera que cent grecs ne valent pas cent sous.