Page:Sarcey - La route du bonheur, 1909.djvu/192

Cette page a été validée par deux contributeurs.
176
la femme.

Voulez-vous imaginer un instant, cousine, un pays chimérique, et cependant possible, où tous, petits et grands, écouteraient simplement la voix immortelle de leur conscience : les enfants obéiraient à leurs maîtres, les soldats à leurs officiers, les gouvernants et les chefs aux lois de l’honnêteté, les ouvriers à la discipline, les hommes à l’honneur, et les femmes à leurs devoirs si doux de la maternité et de l’amour.

Dans ce pays-là, toute parole donnée serait sacrée, tout engagement scrupuleusement tenu. On ne verrait point de collégiens passer le temps des études à lire en cachette de mauvais livres, ni des jeunes filles abandonner leur tâche pour s’occuper uniquement de divertissements. Les employés ne bayeraient plus aux corneilles, songeant qu’ils doivent un travail promis de plein gré ; les chefs prendraient souci d’eux et de leur avenir… Une jeune femme ayant épousé un colonial ne l’abandonnerait pas, sous le prétexte que la tête des indigènes ne lui revient pas : une mère ne livrerait point ses enfants à des soins mercenaires… Et, ainsi, du haut en bas de l’échelle, on lirait le beau livre dont parle Pascal.

Ce n’est pas là une philosophie transcendante ; pour la concevoir et l’appliquer, un cerveau moyen suffit. Et, cependant, si chacun