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DANS L’AIR

d’obtenir sans difficulté, au prix de 1 franc le mètre cube, les 180 mètres cubes d’hydrogène dont j’avais besoin.

Le 18 septembre, mon premier aéronef, le Santos-Dumont N° 1 — comme on l’a nommé depuis, pour le dislinguer de ceux qui suivirent, — s’allongeait sur le gazon, parmi les beaux arbres du jardin. Pour comprendre ce qui m’arriva, il n’est pas inutile que j’explique les conditions du lancement d’un ballon sphérique dans un endroit comme celui-ci où des bouquets d’arbres entourent le champ libre.

Le ballon pesé et équilibré, les aéronaules installés dans la nacelle, le ballon est prêt à quitter le sol avec une certaine force ascensionnelle. Les aides le conduisent alors vers l’extrémilé du champ libre, du côté d’où vient le vent, et c’est là qu’est donné l’ordre : « Lâchez tout ! » Ainsi le ballon, poussé par le vent, a tout le champ libre à traverser avant d’arriver soit aux arbres, soit aux obstacles d’autre sorte qui peuvent se dresser en face ; il a l’espace utile pour s’élever au-dessus d’eux et les franchir. De plus, la force ascensionnelle du ballon est réglée selon la force du vent : très petite si le vent est faible ; plus grande si le vent est fort.

Mais je pensais que mon aéronef serait capable d’aller contre le vent qui soufflait à ce moment ; aussi avais-je l’intention de le placer, pour le