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DANS L’AIR

mobiles, notamment, risquent d’être à tout moment hors d’état. Leur légèreté était assez grande, leur balancement horizontal très rapide, et ils consommaient une énorme quantité d’énergie motrice. Il fallait sans cesse changer les courroies, et je me rappelle les vains efforts que nous faisions tous pour remédier aux défectuosités mécaniques du système.

N’est-il pas remarquable que, seuls de toutes les machines de l’usine, ces fâcheux tamis mobiles n’étaient pas rotatoires ? Ils n’étaient pas rotatoires et ils étaient défectueux. Je crois que ce petit fait m’a dès le jeune âge prévenu contre tous les procédés mécaniques d’agitation, et disposé au contraire en faveur du mouvement rotatoire, plus gouvernable et plus pratique.

Peut-être dans un demi-siècle l’homme aura-t-il conquis l’air par l’emploi de machines volantes plus lourdes que le milieu dans lequel elles se meuvent. Je regarde vers l’Avenir avec espérance. Pour le moment, je suis allé à sa rencontre plus loin que personne. Mes aéronefs — qui ont encouru de ce chef tant de reproches — sont un tant soit peu plus lourds que l’air. Mais il y a un point sur lequel ma conviction est suffisamment faite : c’est à savoir que, le jour où se produira l’invention victorieuse, elle ne sera pas constituée par des ailes battantes, ni par rien d’analogue qui s’agite.

Je ne saurais dire à quel âge j’ai construit mes