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trop choquants, comme certain libellé placardé sur ces murs du cinquième arrondissement à l’époque des dernières élections législatives. M. Lemaître est le premier sans doute à regretter ces écarts de plume qu’on est accoutumé à voir signés par d’autres personnalités moins doctrinaires.


Mais M. Jules Lemaître fut-il vraiment le critique anti doctrinaire qu’on s’est plu à saluer en lui en opposition avec M. Brunetière et quelques autres ? — Dans une excellente et perspicace étude qu’il lui a consacrée, M. Ernest-Charles s’est appliqué à rechercher par l’examen de ses écrits, les germes et les caractères précurseurs de l’actuelle attitude de l’auteur des Contemporains. Il a réussi à merveille, en faisant bon marché de son scepticisme superficiel, à en démontrer la parfaite logique. C’est là, sans doute, le dernier mot qu’il importe de retenir de tout ce qui a été dit sur Jules Lemaître. Son scepticisme sur lequel s’est édifiée sa fortune littéraire n’était qu’une vaine apparence dont fut dupe toute une génération. Mais nous ne lui en garderons pas rancune, nous exprimerons plutôt le regret que, par son vouloir, cette vaine apparence se soit trop tôt évanouie.