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DE SANNAZAR. 25


Elpino.

B ien mille nuyctz en pleurant ay paßé,

D õt i’ay ces chãps reduictz presque en maretz.

E nfin m’aßeix en ce val tout lassé.

L ors une voix me veint de ces forestz

D isant, Elpin, le bon iour vient auprime

Q ui te fera chanter plus douce ryme.

Logisto.

Ô homme heureuz qui d’autre stile doye

R econsoler tes ameres douleurs :

E t moy chetif, de iour en iour m’en voys

T ous elemens faschant de mes malheurs,

S i que ie croy qu’herbes, fontaines, roches,

E t tous oyseaux en plaignent es vaux proches

Elpino.

S’ ainsi estoit (Logisto.) quel pays

O uyt iamais tant & de si doux sons ?

D anser seroys boys & rocz esbahiz,

C omme Orpheus faisoit de ses chansons,

E t par les champs orroit on Tourterelles

S e resiouyr, & Ramiers entour elles.

Logisto.

I e te requiers (Elgin) que chascun iour

P assant par cy, ma tombe tu decores

D es fleurs qu’auras cueillyes en seiour,

E t que des vers tu me donnes encores,


D