Page:Sandre - Le chèvrefeuille, 1924.djvu/98

Cette page a été validée par deux contributeurs.
96
LE CHÈVREFEUILLE

que la guerre est répugnante, ils se sont mis entre nous et la tombe, pour nous la masquer avant de soulever le dérisoire couvercle.

Marthe s’est penchée. Qu’ai-je vu ? De la terre et du drap bleu. Les deux enfants se baissent.

— D’abord la tête ! dit le gardien.

Un hoquet a répondu. Marthe chancelle. L’employé des pompes funèbres se précipite à mon secours. Elle est évanouie. Elle pèse dans mes bras. Mais j’ai vu l’un des deux enfants porter comme un trésor, entre ses mains gantées de toile et de terre, un crâne décharné vers le cercueil ouaté de satin.

Ensuite, je ne sais plus, je ne veux plus savoir. Je sentais que je fléchissais des genoux et que Marthe pesait