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LE CHÈVREFEUILLE

Mais la moindre distraction que j’accordais aux souvenirs joyeux ou clairs, s’effaçait, prompte, et cédait la place au chagrin sans remède. Tout me ramenait toujours à la mort de Maurice.

Est-ce parce que je n’avais pas imaginé qu’il pût mourir ? Est-ce parce que je ne le vis pas mourir ? Pendant longtemps j’avais été incapable de me représenter ce que signifiaient ces deux mots : Maurice mort.

À Verdun, en effet, nous avions été séparés dès le début. Monté en ligne comme mitrailleur avec trois de nos compagnies, tandis que les trois autres demeuraient jusqu’à nouvel ordre dans le Bois des Hospices, je n’avais même pas pu savoir, après