Page:Sandre - Le chèvrefeuille, 1924.djvu/76

Cette page a été validée par deux contributeurs.
74
LE CHÈVREFEUILLE

dont l’intérêt m’avait échappé, je dois reconnaître que je fus aveugle, tant il est vrai qu’on peut vivre à côté d’un homme pendant des années sans rien savoir de lui que ce qu’il consent qu’on en sache.

Au moment de la catastrophe comme avant qu’elle éclatât sur Marthe et sur moi, et parce que nous concevons d’abord toutes choses en les grossissant pour les simplifier, le sort de mes amis m’apparaissait dans une antithèse très nette : le plus grand bonheur terrestre, et le malheur le plus grand ; le plus bel amour, et la fin la plus affreuse. Ceci écrasait cela. Et maintenant encore ceci écrase cela, mais d’une autre façon. Quoique je tente et quoique j’aie tenté de ranimer les cendres d’un amour et d’un bon-